mercredi 5 août 2009

Ristijarvi – Hossa

Petite journée de route, dans les 200 km seulement je crois qui m'ont amené à travers des paysages vallonnés, lacustres et verdoyants jusqu'au parc où je vais passer les sept prochains jours avant de reprendre le cap au Nord.

Mon ignorance des coutumes locales a rendu mon petit déjeuner inhabituellement copieux. En effet, j'avais pris de la charcuterie, des tranches de poivrons, de tomates et de concombre plus deux sortes de pain (blanc et bien noir) avec du beurre ainsi que du muesli (le diner d'hier soir n'était qu'un regrettable souvenir), et j'entamais ma tartine de jambon/poivron sur pain blanc quand la serveuse m'a apporté une grande assiette de porridge. Je n'ai pas osé refuser, j'ai gouté et j'ai adoré. Il était très crémeux, pas lourd (certes consistant…). Donc je suis parti ce matin le ventre plein !

Pas de crochet bizarre à mon programme, seulement deux sites que j'avais bien aimés l'an dernier et que j'ai revu dans des conditions différentes : le mémorial de la Guerre d'Hiver, rocs et clochettes dédiés aux victimes des deux camps de la « drôle de guerre » finlandaise et à leur 105 jours de combat absurde, et le Peuple Silencieux.

Je l'ai retrouvé cette année sous le soleil, le Mémorial, et envahi des herbes des champs du pays, là où je l'avais découvert sous la bruine et le vent. Il s'en dégage une émotion moins grande car la symbolique des vies durablement perdues comme les rocs et des journées de combat vaines comme clochettes au vent est englobée par l'inanité de cette mémoire même que les fleurs roses et les lavandes envahissent triomphalement, sans haine, sans violence, sans pitié. Moins d'émotion, mais peut-être plus de vérité. Mais quand même un lieu privilégié.

D'une folie l'autre. De la destruction vaine à la création absurde.

Le Peuple Silencieux, ce sont 2000 espèces d'épouvantails aux têtes de tourbe plus ou moins chevelues vêtus de robes, de chemises, de t-shirts et autres corsages variés installés depuis quelques années dans un champ. Là, la présence du soleil, certes médiocrement situé mais je n'allais pas attendre la mi-après midi soit un bon 18h ici, le soleil donc changeait beaucoup ce spectacle d'un peu sinistre l'an dernier à grotesque et allumé cette année. Et (surtout) la crêpe avec sa confiture de (groseilles ? myrtilles ?)à l'ancienne a fait avec le café un déjeuner somptueux.

Puis route sur Hossa.

Vous allez douter peut-être si je vous dis belle route, lacs, ondulations, pas de rennes. Pas de piste non plus, une journée d'un confort total.

Arrivé vers 15h, je prends ma chambre (et je la paye, ici décidément tout se paye d'avance). Superbe, sur le lac. Un seul défaut, comme les lits sont orientés j'ai une vue imprenable sur le mur plein des saunas qui s'avancent vers le lac, et son sur le lac. Quand j'ai eu fini mon premier mail, et une longue conversation avec un chasseur de tête – comme le téléphone n'affichait pas de numéro, j'ai décroché, on ne sait jamais. On verra plus tard à la rentrée si cela peut m'intéresser réellement. – après tout cela donc j'ai réorganisé la chambre et j'ai désormais de mon lit une vue superbe sur les pins et le soleil couchant.

Trahison technique (ou volonté de ne pas payer de commission aux banques ?), comme hier le terminal de paiement par carte est en panne. Enfin, plus ou moins car il a accepté mon paiement de la chambre, sans quoi j'aurais dû aller au distributeur le plus proche. Comme la station service la plus proche est à 58km, je suppose qu'il n'est pas plus près. Par contre, rien à faire auprès de la serveuse ce soir pour le diner. Salade renne fumé/fromage (de renne ?) et bière. Pas mal. J'ai complété de deux sablés que j'avais emmenés.

Cette histoire de carte est agaçante mais sans gravité, en partant je passerai par un distributeur. Mais comme ma carte ne marche pas dans les automates des stations services du coin, et que ces machines prennent les billets, heureusement que ma carte supporte les retraits à l'étranger ! En passant l'essence est environ au même prix ici qu'en France : de l'ordre d'un euro le litre de gasoil.

Ces histoires de moyen de paiement ne doivent pas perturber le récit, comme elles viennent pourtant de le faire.

Après avoir posé mes sacs et payé (voir plus haut, non je ne vais pas recommencer J ), je suis allé au Luontokeskus (le centre nature) acheter une carte et une liste de randonnées. Pas une carte d'état major, un machin A3 mais qui est très suffisant – d'autant que j'ai sur mon GPS de très belles et très détaillées cartes du coin.

On verra, mais je pressens une grosse grasse matinée à préparer mes ballades et une première sortie d'une dizaine de bornes.

Au programme, j'ai des peintures rupestres (8 km de marche d'approche, on voit bien qu'ils ne portaient pas de pots de peinture !) dans une sorte de canyon, deux boucles d'une journée autour de lacs. Je me renseignerai aussi pour louer une journée un kayak.

Pour m'ouvrir l'appétit, j'ai parcouru le sentier nature, de l'ordre de 4 km (3 plus une diversion vers un autre lac). Très joli, bien balisé de pomme de pins sur fond bleu. J'étais juste en t-shirt (le bleu synthétique de EveryTrail) – hyper confortable. Je n'avais gardé que l'appareil photo avec son zoom 28-300 et je me sentais d'une formidable liberté. Il faisait très bon – le thermomètre extérieur de la voiture disait 24°C- et le vent qui s'était levé pour faire chanter les pins était chaud. Il a aussi apporté des nuages, genre cumulo-nimbus, et un orage (même si je n'ai pas entendu de tonnerre) s'est abattu sur nous, pluie torrentielle, deux fois dix minutes (enfin, pour ce que j'ai vu).

Heureusement la pluie a commencé pendant que je réorganisais ma chambre, puis pendant que je me reposais après le sauna. Le sauna d'ici est très bien, la salle de douche donne sur le chemin du lac. Non, je n'ai pas piqué de tête en sortant !

J'allais oublier le renne !

Je n'ai pas vu le moindre renne sur la route. Je commençais à penser que la crise était passée par là et qu'ils les avaient stockés pour ne pas les abimer en attendant de les ressortir pour Noel. Je gare la voiture devant la chambre. Et là, sur la route, venant vers moi, un jeune renne gris-beige avec un superbe collier orange s'engage sans hâte sur le parking. Je descends et j'au eu le temps de faire quelques photos.

En allant vers le centre de tourisme, j'ai aperçu un second renne sur le bord de la route, celui-ci portait une clochette à son collier.

Sans hâte, c'est ici inutile à dire. Tout ici est sans hâte. Je ne ferai qu'une exception, les oiseaux qu'il est aussi difficile d'approcher et de photographier qu'ailleurs. J'ai vu pas mal de pies, d'étourneaux ou d'hirondelles, des sortes de mésanges et de magnifiques corbeaux (je crois que cela s'appelle des corbeaux de l'arctique, à vérifier). L'allure générale est celle de ces oiseaux, la taille plutôt celle d'une corneille française, les ailes noires et le corps cendré. C'est de toute beauté.

Et les gens ? J'ai dit sans hâte, c'est certain, et ils sont bien les premiers à s'en flatter (conversation avec mes voisins sur le ferry !). Ils sont en même temps très serviables : la caissière de la station service où je ne pouvais pas utiliser ma carte sur la pompe est venue me montrer comment mettre les billets et où sélectionner le carburant. Mais ils n'auront pas l'idée de te vendre un sandwich qu'ils peuvent certainement faire ou une pizza surgelée plutôt que de t'envoyer au supermarché. Une forme d'indolence ou de manque d'imagination ? Une absence sidérante de sens commercial ? Je n'ai pas encore compris un trait pourtant très structurant de le caractère collectif.

A propos de collectif, la Finlande est pleine de russes, le ferry l'était (nous étions à une encablure de Saint Petersburg) et l'hôtel précédent était à mon avis d'origine russe, avec dans un second bâtiment un petit groupe russe que j'ai croisé alors qu'il revenait d'une abondante cueillette de champignons et de baies)

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