lundi 10 août 2009

Hossa : Tous les moyens sont bons


Ce matin, il fait très gris et frais. Un petit 15°C m'accueille à 9 heures et demi, avec une impression de fraicheur plus importante, sans doute due à l'humidité ambiante – les lacs, c'est plein d'eau.

Je ne vais pas décrire encore le petit déjeuner, qui a une ressemblance naturelle avec ses prédécesseurs ici, sauf pour l'information captivante que je suis passé à deux verres de lait plus un bol de yaourt en complément de mon régime habituel, et pour réparer un oubli. Chaque matin, je déjeune avec en lointain fond sonore l'accent québécois : la télévision diffuse un feuilleton canadien tous les matins – je crois que c'est un mélo autour d'une institutrice à ce que j'ai entre aperçu (Maria Chapdelaine ?),. L'émission n'est pas doublée, mais sous-titrée. C'est très rigolo pour moi, on ne sort pas du grand nord !

Alors, que faire si le temps n'est pas beau, et compte tenu que l'une de mes ampoules s'est mise à vif ? pas question du grand circuit restant et ses 20 km, certes plutôt plat, mais quand même.

Je n'ai pas envie de reprendre un kayak sous le froid (relatif, je prends je l'admets des goûts de luxe), et alors que la pluie menace.

Je parcours le classeur que l'hôtel a placé dans la chambre, on y trouve quelques destinations avoisinantes que je peux aller découvrir d'un coup de voiture.

Première destination, donc, le village de Juntusranta, une quinzaine de km au sud de Hossa.

Ces quelques maisons sont posées au bord d'un très beau lac, aux rives planes et lumineuses. Ces rares habitations entourent une église moderne pas vilaine, une banque, un petit supermarché et un petit garage / station service (où le Tiguan et moi ferons le plein au retour). Les maisons elles-mêmes sont belles, plutôt vastes (même selon les critères d'ici). Ne vous faites pas d'idées, je parle d'une dizaine de maisons en tout. Et entourent, entendons-nous. Il ne s'agit pas du plan d'un village breton, serré autour de son église. Elle est même en bordure du keskus (centre). C'est juste un ensemble de maisons largement espacées.

J'oblique au nord est, quand la route principale part au sud-est. Si vous voulez suivre sur une carte, je quitte la 843 pour la 9131, qui est bien sur une excellent piste. Elle me mène d'abord à une stèle commémorant les premiers coups de feu de la Guerre d'Hiver, ce qui n'est pas ma destination, mais surtout à la réserve naturelle de forêt primaire de Martinselkonen. Un petit parking (c'est-à-dire un espace ni marécageux ni boisé à côté de la piste, avec un panneau explicatif), à côté d'un joli pont sur des rapides et au bout d'une piste qui cette fois est vraiment une piste. Je descends et suis un peu le chemin de randonnée. Je n'ai pas de carte, et l'indication est lumineuse : 9 – 20 km… Neuf, je veux bien, 20, non. Et je suis au ras de la zone frontière, et il n'y a qu'un chemin. Je décide pour un moyen terme, je m'enfonce le long du chemin tant qu'il est parfaitement balisé de cercles et de ronds bleus. Le chemin est une minuscule sente, marquée je suppose parce que j'arrive après le plein de la saison touristique. Si en arrivant j'ai aperçu trois rennes dont l'un portait des andouillers impressionnants, ici la nature est plutôt représentée par des fourmis (il y en a partout, et je retrouve ces énormes fourmilières d'aiguilles de pins, l'une faisait bien un mètre et demi de haut). Les fourmis sont toujours de deux espèces, l'une d'un bon centimètre et plus, l'autre de quelques millimètres.

J'ai aussi photographié une fleur magnifique qui seule de son espèce poussait au bord de la sente, une sorte d'orchidée eut-on dit, rose-rouge.

Et des champignons. Des petits. Des gros. Des ENORMES. Des blancs. Des beiges. Des rouges… je suis certains que certains était de parfaits bolets, mais je n'ai rien cueilli ni touché. Des tas de champignons, sans exagérer.

J'ai donc traversé à pieds un espace de forêt primaire, c'est-à-dire non géré, et vous verrez sur les photos (un jour, peut-être) que c'est tout à fait différent, beaucoup plus touffu, les espèces s'entremêlent, la progression hors des sentes est parfois impossible. Plus loin, une clairière, fruit sans doute d'un incendie, donne leur chance aux bruyères et aux grandes fourmilières qui se nourrissent des arbres abattus.

Je suis sur un territoire d'ours, mais je n'en ai pas aperçu.

Je reviens sur mes pas (faute de carte…) et vais faire quelques photos sur le pont qui enjambe de jolis rapides à quelques pas.

Avisant une sente qui franchit le fossé sur deux rondins, je l'emprunte pour découvrir un moulin à eau, en parfait état. Oui, en parfait état car le bâtiment principal, avec la roue à axe vertical (et non horizontal) et la meule de pierre avec son alimentation en grain, tout ce système est bien en place, et je suis convaincu opérationnel. Et c'est ouvert à tous, la porte (haute d'un mètre vingt environ) est maintenue fermée par un simple loquet de bois, sans doute pour éviter qu'un nounours n'en fasse sa tanière ! Il en est de même du second bâtiment, que je suppose être la réserve de grains.

La carte de l'hôtel me fait penser que je peux rejoindre au plus court ma destination suivante, un autre moulin et une rivière.

Là, pour le coup c'est de la piste de chez piste, il faut regarder où poser les roues, mais cela passe bien. Jusqu'à ce que je me retrouve face à un engin. La chose, posée sur six énormes roues à crampons renforcés de chaines dépose des troncs qu'elle portait sur son dos en bord de piste à l'aide d'une sorte de pince à sucre gros modèle. Très gros modèle. D'une part il bouche évidemment la piste, mais aussi ses roues monstrueuses ont transformé la piste en sablière. Je commence par recule pour aller faire demi tour, quand il s'efface nonchalamment pour aller chercher de nouveau troncs dans les profondeurs de la forêt. J'ai un instant d'hésitation, je n'ai jamais testé le Tiguan dans une mer de sable, mais je me dis que si je me plant il y a sous la main juste ce qu'il faut pour me sortir du pétrin. Je prends un peu d'élan et tout en douceur, sans coup de volant ni d'accélérateur, cela passe en fait comme une fleur. Le Tig' se révèle remarquablement à l'aise durant toute cette matinée, la direction légère et précise conjuguée à l'adaptation automatique de la puissance sur les quatre roues fait merveille. La suite de la piste reste difficile sur quelques kilomètres, avec des ornières profondes où il ne faudrait pas poser les pattes de ma monture. Tout ceci se passe parfaitement bien, et je retrouve les pistes plus habituelles bientôt. Superbe navigation, j'arrive pile où je voulais. Il y a bien un petit centre de nature, où m'accueille un setter amical et un vieux renne familier. Si le setter le renifle sous toutes les coutures, le renne vient à moins d'un mètre avant de retourner méditer. Il a des andouillers assez respectables, mais aussi plusieurs bosses sur le front. J'imagine qu'il lui en pousse d'autres.

Un dernier tour de piste, et je rejoins la route principale (843).

Je remonte sur Juntusjarvi, le plein pour le Tiguan, café pour moi, et je remonte, d'abord en faisant une pause au bord de l'Hossanjoki, sur de modestes rapides où pèchent deux finlandais et un canard.

Je repasse devant l'hôtel pour atteindre l'autre pôle de la journée : le canyon de Julma-Olkky.

Cette formation inhabituelle pour la région est un petit lac étroit, dont l'une des extrémités est proche de Varikalio (les peintures rupestre, vous vous souvenez ?) dont il est séparé par un petit lac l'Ala-Olkky, et remonte sur quelques kilomètres vers le nord.

Un bateau à moteur promène des touristes aux pieds de ses falaises qui atteignent plus de quarante mètres. Je fais la balade, plutôt par hasard car le batelier de fait signe qu'il va partir… je ne le regrette pas, c'est superbe, très différent des autres lacs. En plus, le temps s'est bien levé et il y a une belle lumière qui permet de bien voir, notamment la petite peinture rupestre, du même style que ses amples sœurs de Varikalio.

Et c'est le retour, tranquillement, pour découvrir une nouvelle cargaison de touristes hétérogène, françaises et espagnoles à première vue / ouïe.

Vous comprenez le titre, maintenant ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire