samedi 22 août 2009

De retour à la maison… (1)

Nous nous sommes séparés au monastère de Ste Brigitte, à Vadstena.

Nous nous retrouvons à Paris, après un retour éffectué tranquillement sur deux jours.

Que mettre dans ce blog ? Allez, une petite liste :

  • le tour de Vadstena au matin, sous le soleil et un doux zéphir
  • Granna, un berlingot au bord du lac Vattern
  • Lund et sa cathédrale
  • Impressions de route
  • Impressions de retour
  • Ce qui reste à faire pour la mémoire de ce voyage
  • Des idées pour l'an prochain…

Et on verra si la rédaction me conduit sur d'autres chemins (errances, errances…).

Vadstena donc, pour commencer.

Après un bon moment passé à transférer les photos et rédiger le billet précédent dans le silence et la solitude de l'accueil de ce superbe hôtel qu'est l'ancien monastère, et une bonne nuit, réveil matinal et petit déjeuner dans l'ex salle des banquets du palais. Belle et grand salle, les briques ont remplacé la pierre et le crépi de la salle du restaurant. La aussi, un gros travail sur l'éclairage contribue à la chaleur du lieu. Les piliers massifs portent encore, pour deux d'entre eux, des traces des fresques originales. Sur une estrade, majestueux et dérisoires, les fauteuils de cérémonie des seigneurs du lieu - cette aile du couvent est en effet un palais légué à la fille de Ste Brigitte (Ste Catherine) pour son installation par la famille royale. Les dépendances, de l'hospice aux communs, étendent l'ensemble vers le nord, le long du Vattern par des édifices de styles distincts et pourtant tous en harmonie avec le lieu. J'ai gardé pour la fin la cathédrale. Son austérité asbolue, intérieure comme extérieure, est plutôt glaçante. Par contraste, le magnifique retable n'en prend que plus de relief. Et encore, je vois ce bloc de foi de pierre sous le soleil. Je l'imagine sous la grisaille humide et froide…

Les lieux ont pris une tout autre apparence ce matin : après la bonne (fraiche) brise d'hier, je vent s'est apaisé, les nuages envolés, le village brille de tous ses paisibles feux sous un soleil chaud et serein.

On traverse le village qui s'est construit au sud du Couvent dans de peites rue piétonnes paisibles et colorées pour rejoindre la sende attraction de Vadstena, le Château. Un château fort dont les douves servent de port de plaisance. A voir pour le croire, et simplement parce que c'est très beau. Plaisir de photographe, les lumières de be doux matin et le couchant tumultueux d'hier m'offrent deux edifices pour le prix (gratuit) d'un seul.

Encore quelques pas dans le vilage, pour voir la version « lumineuse » du palais de justice, dont la stricte architeture était à contre jour la veille au soir.

Je comprend aisément que ce soir une des villes les plus visitées de Suède. Le contenu historique est central pour l'histoire de ce Royaume, et c'est tous simplement magnifique. Non, joli ? enfin, quelque chose comme cela, entre l'intime et le grandiose, toujours élégant et bien proportionné.

A visiter comme j'ai eu la chance de le faire, dans le calme des périodes « creuses ».

En route, cap au sud, après cette matinée de flânerie pour le plaisir des yeux. Le plaisir est d'autant plus grand que mes ampoules ont pratiquement cessé de me faire sentir leur présence.

Je longe le lac Vattern, sur une sympathique petite route qui va de village de carte postale en paysage de tableau. Tiens, deux tableaux, alors.

Le premier, animé, corrige un oubli du récit de la veille : le passage d'un vol d'oie. J'ai en effet eu la chance de pourvoir m'arrêter en bord de route pour assister à un grand défilé aérien quelques kilomètres avant Vadstena, alors que la route longeait d'un côté des prairies humides et de l'autre des champs et une ferme, dont le tracteur m'avait amené opportunément à fort ralentir. A l'avant-garde, une formation en diamant d'une vingtaine de ces volatiles gris, avec leur large bande blanche et plus mince bande noire sur le cou. Suit le gros de la troupe en un V majestueux, encadré de deux V plus réduits. Quelques minutes plus tard, une petite troupe informe dont j'imagine qu'elle ramenait les attardés passait en ordre moins serré.

Second tableau, réservé… à mon usage personne, je suppose. En effet, j'ai emprunté l'autoroute qui surplombe le lac Vattern, et non cette charmante petite route, et cela au soleil couchant. Alors j'ai vu, spectacle onirique en diable pour film d'horreur ou romantique : les murs encore debout d'une vaste demeure cubique réduite à l'état de ruine. Le soleil couchant le découpait en ombre chinoise. Ici, d'en bas, la même superbe ruine se découpait presque joyeusement sur le ciel bleu, avec à ses pieds des champs de céréales.

Quelques kilomètres plus loin, étape bonbons. Granna est un village-rue au bord du lac où furent inventés des sortes de berlingots. Depuis, la confiserie est le cœur du village et les meilleures boutiques ont leur atelier ouvert aux regards…

Encore quelques kilomètres, et une auberge de luxe m'accueille pour le Dagens, l'équivalent du Lounas finlandais. Buffet de salades, souris de porc excellente, biscuits et café… pour une quinzaine d'euros.

L'étape suivante, après une bonne portion d'autoroutes, est Lund, à proximité de Malmö. Cette petite ville universitaire a un centre quasi piétonnier qui encadre une très remarquable cathédrale. Pierre grises par corrosion, horloge sidérale sidérante et deux triptyques exceptionnels. Ajoutons que cette église est celle de la première femme-évêque (fin des '90).

Ensuite, par le pont de Malmö (vers Copenhague) puis une brève traversée pour l'Allemagne.

Suite, à bientôt…

mardi 18 août 2009

Pax vobiscum


Jour de réparation, aujourd'hui.

D'abord, du passage trop rapide à Falun l'an dernier.

Puis du manque d'élan.

Puis des harengs.

Je sens qu'il faut que je sois plus clair…

Au jour (gris et humide), l'hôtel se révèle classique de l'extérieur, mais bien sympa de l'intérieur, avec sa salle de petit déjeuner et sa rotonde peinte de scènes villageoises donnat sur un patio dont les murs reprennent les codes des manoirs, bois et crépi.

Je reprends un instant le chemin du nord vers la mine de Falun.

Encore un Trésor de l'Humanité. Cette mine exploitée depuis des temps immémoriaux (les légendes remontent au XIème siècle, qui racontent comment un bouc nommé Karé (lire : kôré) a intrigué son fermier en revenant les cornes rouges… même si le bouc refusa de dire son secret, son maître le suivit et découvrit ainsi le gisement qui devait faire entrer Falun dans l'histoire. Même les toits de Versailles usent du précieux minerai, d'une phénoménale pureté jusqu'au XVIIIème siècle.

Quant on traverse Falun en venant du nord comme je l'ai fait hier, on traverse un quartier d'humbles maisons basses en bois peintes en rouge sang typique des scandinaves pauvres. Ce sont, parfaitement conservées, une partie des maisons des mineurs. Une partie des maisons des maitres de mine persiste également sur la place centrale. Le cœur de la mine est intact, et la visite comprend un musée qui va des techniques et outils aux représentations de Falun depuis la renaissance jusqu'à nos jours dans l'art. Je serais dithyrambique si, une fois de plus, les suédois n'avaient pas oublié de traduire les cartouches et textes explicatifs en anglais (sauf le catalogue des tableaux).

Cependant le cœur de la visite est celui de la mine elle-même. Même si elle est presque fermée depuis une vingtaine d'années (il faudra que je revienne sur le presque), les vieux couloirs et salles ont été préservés et se visitent pendant environ une heure. C'est un grand moment, entre les galeries basses et étroites et les salles, véritables cathédrales minérales, creusées avec quels moyens et quelles souffrances… c'est beau, c'est intelligent, c'est émouvant. Imaginez ces couloirs, moins d'un mètre cinquante de haut, avec les pieds dans l'eau (les caillebottis ont été rajoutés pour les visiteurs), l'obscurité chichement trouée par les torches des travailleurs, la chaleur des feux qui servaient à désagréger la roche avec leurs restes de fumées sulfureuses, le froid des autres galeries (il fait 6°C la dedans aujourd'hui…)… contraste avec les cavernes immenses qui ont résulté des travaux, que l'éclairage moderne met en gloire en un impressionnant hommage à ce labeur.

Curiosité supplémentaire : cette mine si connue pour le cuivre a aussi produit or et argent (au sens du minerai).

Il y aurait tellement plus à en dire qu'un petit billet d'un soir. Vous pourriez tirer le fil à partir de http://fr.wikipedia.org/wiki/Falun_(Dalécarlie)

Je suis vraiment content de cette visite, qui m'a aussi rappelé la météo suédoise : s'il ne pleut pas, c'est que vous êtes à l'intérieur ou qu'il va pleuvoir très bientôt… Photos sous un rayon de soleil, retour à la voiture sous les gouttes – froides.

Pause élan ensuite sur la route du sud. Un camping / piscine / ferme d'élans. Deux familles d'élans vivent dans d'immenses enclos (genre 500 mètre sur un km). L'une, plus « domestique » vient à portée de nourriture et de main. Si la mère est agressive, le père prend son temps pour venir aux feuilles. Les jumeaux du printemps sont plus téméraires, et seul du petit groupe je tends la main et gratte le jeune mâle derrière les oreilles (grosse jalousie du petit garçon voisin qui ne peut pas s'approcher…). Cela a du lui plaire, car il reviendra ensuite vers moi. Ce sont en tout cas de solide bestiaux, c'est sur. Voila le regret de n'en avoir pas vu en balade largement réparé.

Et c'est reparti, toujours vers le sud. Deux châteaux au programme à Orebro.

Le château d'eau, avec sa galerie panoramique et son café au dessus de 9000 m3 d'eau…

Le château et le vieux centre, sur quelques îles, très joli. S'il y a du vent, il y a aussi une belle lumière et des œuvres d'art amusantes. Oui, c'est que nous avons retrouvé un lac – le second de suède, pour tout dire.

Et je longe son équivalent pour atterrir ici, au monastère fondé par la patronne de la Suède, Brigitte. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Brigitte_de_Suède

Plus d'infos et photos demain.

Chambre minuscule, dans une ancienne dépendance, mais pleine de charme.

J'ai diné de bière des moines (du cru) et de harengs de la baltique frits, ce festin royal qui m'avait manqué à Helsinki.

Une journée riche en images (que j'ai mises en ligne : http://picasaweb.google.com/jean.corbel/18Aout# et souvenirs, raisonnable (c'est peu dire) en km.

Demain je visiterai mon hôtel c'est-à-dire la principale abbaye du nord de l'Europe avant de filer à l'extrême sud du pays.

lundi 17 août 2009

Piteå - Borlänge II


 

Après un excellent sauna, un poulet cajun et deux bières (pays d'humains, les vrais, 0,5 l chaque…), back to blog.

Alors, que raconter d'une longue liaison ?

Au départ de Piteå, tiens, des rennes. Egaux à eux même, c'est-à-dire superbes et stupides au milieu de la route et qui ne s'écartent pas

Puis, vers 13 heures, je décide de m'arrêter déjeuner, pour le Tiguan et pour moi.

Je me base simplement sur les restaurants qui s'affichent sur le système de navigation de la voiture. Il me dépose dans un charmant petit hôtel-restaurant de Nordmaling. A l'instar des Finlandais, les restaurants suédois pratiquent une formule de déjeuner buffet bluffant, qui me conduit dans un cadre adorable et coquet à 7,5 euros pour un salad bar fourni, des lasagnes, du xxxx Strogonnoff (là, je n'ai pas sur identifier) et de l'agneau rôti. Café et boisons non alcoolisées comprises… je repars faire le plein et faire laver ma belle monture. Surprise, en traversant le village superbe enclos paroissial, je mets pieds à terre et en effet l'église est très agréable. Et nous sommes repartis.

Les provinces de la Suède défilent, du nord plat aux moraines près à la « haute côte » où des collines significatives ouvrent des ports abrités sur la Baltique. C'est l'occasion d'un petit écart au-delà de l'E4, pour Nordingra. Ah, le guide vert. S'il ne fallait en oublier qu'un ce serait celui-là. Des ruines majestueuses… un soubassement d'église de village, oui ! A sa décharge, ce qu'il ne dit pas assez mérite le détour : un retable admirable dans la nouvelle église, un cadre bucolique et paisible, les écuries miniatures qui descendent vers le lac…

Et ce que rien ne disait, les bouchons parce que l'E4 n'est pas une autoroute et traverse tranquillement des villes industrielles !

Voila, je fais court les photos sont sur Picasa, moi je vais dormir…

Piteå - Borlänge (court)

Du grand nord au sud de la Dalécarlie, le doux centre de la Suède, plus précisément à quelques kilomètres de la célèbre mine de cuivre de Falun que je compte visiter demain : ce que l'on appellerait une étape de liaison… calculée un peu longue : 807 km en près de onze heures (dont une sympathique pause déjeuner).

A vrai dire, je suis un peu moulu, donc direction sauna et restaurant, le blog viendra après.

Encore un superbe hôtel ;

(je cite la page d'accueil quand je me connecte au net de la chambre)

« Best Western Gustaf Wasa
Gustaf Wasa is the leading hotel in Borlänge.When it was built in 1985 no expenses were spared when it came to matters of quality. It has received rewards for its architecture and the high ambitions can be felt in every detail. And we still don't hold back! »

A tout à l'heure !

dimanche 16 août 2009

Photos du jour




Posted by Picasa

Kilpisjarvi – Pitea



Aujourd'hui étape de liaison entre les montagnes norvégiennes, ce grand arc dont les noces atlantiques nous offrent les fjords, et le golfe de Botnie - et retour au sud du Cercle Polaire.


Explicitons, corrigeons.


D'abord, certes, Kilpisjarvi est en Finlande, à l'extrémité d'un corridor qui abrite cette fameuse route des aurores boréales, Northern Lights, la E8. Cela me vaut d'ailleurs un terrible jet-lag, il y a une heure de décallage horaire avec la Norvège ou la Suède.


Le golfe de Botnie est le fond de la Baltique. Son port principal est Lulea, je pique un peu au sud, à Pitea pour une étape de confort et de luxe.


L'hôtel Lapland Kilpisjarvi est un des premiers hôtels de ce plateau désolé, situé un peu en retrait d'un long lac dont il tire son nom. Il pleuvait par intermittences quand j'y suis arrivé hier soir. Il a plu toute la soirée. J'en ai renoncé au sauna dans un bâtiment séparé au bord du lac… et il pleuvait encore ce matin, avec un petit 6,5°C. La réceptionniste avec qui je bavarde en règlant me dit que les prévisions annoncent des températures en dessous de zéro dès cette semaine. Elle sourit avec philosophie : « Winter is back again ! ». Brr.


Si l'hôtel n'a pas de vrai charme, sa cuisine est excellente. Le dîner, soupe crémée au saumon (avec de gros morceau de saumon et de patates), le traditionnel ragout de renne puis un étrange autant que savoureux dessert de fromage, de crème anglaise et de framboises orangées était vraiment très fin.


Cette injustice réparée, revenons à aujourd'hui.


Il y avait un peu de monde sur cette E8 des trois pays, des touristes et des travailleurs de la route. La Laponie est effet en plein boom touristique, malgré une météo difficile quand elle n'est pas impossible. Tout au long de cette route, comme je l'avais vu en Norvège ou en Finlande, des sentiers de randonnée sont aménagés, des aires de stationnement prévues. Il ne faut pas oublier que le stationnement des camping-cars est libre là bas… et donc qu'on en voit en masse (enfin, un tous les 20 à 50 km, quoi) aux points de pêche ou de marche. Sans atteindre à l'incroyable perfection finlandaise, quasiment pas un détritus en vue jusqu'à me rapprocher des villes. Je sens se profiler mes prochaines vacances : plus au nord qu'Hossa !


Les premiers torrents longés coulent vers le Kilpisjarvi. Par la suite, et jusqu'à prendre une paisible majesté, ils coulent vers la Baltique. C'est que passé la chaine occidentale, le relief se compose d'une succession de terrasses arasées par les glaciers qui se dirigent vers cette mer.


Des terres désolées du matin on passe en douceur aux forets, puis on retrouve les champs et les hommes, en l'occurrence des Suédois.


Et des Suédoises.


Structuration de la société ? les Suédoises sont de sorties, seules ou en petit groupe, parfois avec le chien. Une vision un peu plus étonnante, une femme sculpturale en justaucorps noir menant deux grands chevaux à la robe brune chaussé de noir – une image phantasmatique... Il faut bien dire que nous traversons un pays de cheval. Je m'attendais à cela plus au sud, mais dès la reprise des cultures, les haras et manèges se succèdent.


Au bord d'un lac, j'ai vu de loin deux gros volatiles, que j'ai photographiés au télé (Picasa !).


Lecteur ornithologue, au boulot !


Deux détours sur ma route, ou plutôt une inflexion, me mènent à deux villes minières : Gallivare (fer) et Jokkmokk (cuivre). Peu à dire, deux bourgs (encore en Laponie) tout verts et pimpants, au cœur de la prospérité de la région. Il y a bien sur deux saignées au cœur de la mine, mais pas l'ombre d'un terril ou de la saleté qui s'accrochent aux mines du « sud ». A Jokkmokk, j'ai découvert une drôle d'église du 19ème, « carrée », biscornue et trapue que vous verrez sur l'album photo sur Picasa.


J'ai déjeuné dans une station service (le plein pour le Tig, un « french » hot-dog pour moi - c'est eux qui le disent…).


Le flot qui descend des plateaux est exploité par paliers grâce à une suite de centrale hydro-électrique.


Juste avant d'arriver à Lulea, halte dans le village – église de Gammelstad (en fait, l'ancien Lulea avant que le chenal ne s'envase). Avec l'obligation de la messe dominicale, et compte tenu des conditions de déplacement du 16ème au 19ème siècle, la Réforme vit pousser des villages de minuscules maisonnettes autour des églises pour ne pas imposer un épuisant aller et retour dans la même journée. Celui-ci est parfaitement préservé et désormais inscrit au Patrimoine de l'Humanité. Une visite amusante, hors du temps.


Et ce soir, halte dans un hôtel du 19ème de Pitea (conçu pour accompagner l'arrivée du train), extérieur Art Moderne, intérieur idem, chambres ultra modernes. Beau et cher. Il donne sur une place avec sa petite église blanche et son parc. Et il pleut. Bien sur.


Mais comme on est dimanche, impossible de bénéficier du restaurant ou du sauna… ou du tarif Eté. On est de retour en période de travail, ici !


Diner donc … au Thaï en face, ma foi excellent.


Séance Blog et geotaggage.


Et dodo, longue route vers Falun demain.

samedi 15 août 2009

Journée à la mer et à la montagne…

Si je me résumais aux codes des routes, cette entrée de blog serait courte : E6 + E8 vers Kilpisjarvi.

Et pourtant, quelle richesse de paysages et quelle belle journée…

Le premier tronçon de cette journée de 333 km (pas fait exprès !) suit les fjords lapons : Altafjord (maître fjord un peu en forme de botte nord –sud), Langfjord (corridor resserré est-ouest), le complexe système du Kvaenanger pour finir par le Kafjord et le Skifjord. La route les suit au plus près, à flanc de montagne et au ras de l'au ou prenant de la hauteur pour sauter de l'un à l'autre. Sans doute qui a vu un fjord les a tous vus.

C'est oublier la couleur de l'eau qui sait passer en un rayon de soleil ou un angle de vue du bleu vahiné au noir de jais, mais toujours cristalline. Sauf sous les nuages, et il y en a, le vent est inexistant, offrant à l'œil des miroirs parfaits.

C'est oublier les proportions de l'au et de la montagne, formant un contraste à chaque fois nouveau.

C'est oublier l'orientation, qui offre une nouvelle palette de couleurs à chaque découverte

C'est oublier l'arrivée sur le fjord, en douceur par le fond, par surprise au détour de son embouchure, en force quand la route joue à saute mouton.

C'est oublier les îles qui dans cette région où les épousailles de la roche et de la mer sont si intimes et chaotiques.

Il faudrait décrire ces ambiances toujours différentes qui font que tu retrouves toujours un fjord et toujours un inconnu. Les photos le montreront mieux que tout discours.

Il y a quand même quelques constantes :

  • Les murailles verticales et sombres
  • Les arbres accrochés impossiblement, bouleaux et pins
  • Les maisons, le plus souvent groupées en hameaux multicolores (le blanc, l'ocre, le rouge et parfois le bleu), taches éclatantes dès que le soleil les honore
  • Les chapelles, petites et blanches, toujours sur le même format d'une unique nef prolongée d'un clocher dans l'axe et dont la moitié de la longueur appartient à la nef.
  • Les écoles et leurs terrains de jeux pour les petits
  • Les hangars et les échafaudages en longs tréteaux pour le séchage du poisson, les petits bateaux de pêche par deux ou par trois veillant sur eux.
  • Les moutons au ventre plein et au regard vide, qui déambulent en particulier sur la route
  • Les rennes majestueux mais guère plus futés quand ils sont sur la route.
  • L'eau, identique et différente

Pour le conducteur, c'est assez simple d'autant qu'ici sur l'E6 la largeur de la route est confortable :

  • Ou la montagne est à droite et la mer à gauche, ou l'inverse : il est bien sur la route dans un fjord.
  • Ou la montagne est à droite et à gauche, et il prend son élan pour accueillir un nouveau fjord. En général, la facétie, c'est l'enchainement : bosse (on ne voit rien au dela), suivi d'un virage que l'on a pas vu, et oh, la mer !
  • La mer à droite et à gauche : là, il y a un bug… ramer… ou alors peut-être, un pont ?

Les sauts entre fjords offrent des perspectives d'autant plus impressionnantes qu'elles se combinent avec des nuages bas. Ainsi ai-je déjeuné (pantagruéliquement) de saumon semi fumé et passé au four et de légumes vapeurs (servis avec de la crème aigre) et d'un gâteau au sucre et aux amandes – cela c'est pour le ventre – à Gildetun. Au menu : nuages rasants, iles, montagne, neige, eau noire et turquoise. Une indigestion de beauté.

Un clin d'œil avec l'école d'Oksfjord, moins prestigieuse que son homophone anglaise, mais avec une vue à détourner un cancre du tableau.

Les sauts entre fjords, toujours. Ce sont de véritables transitions, quand on remarque que la limite de la forêt est vers 380 mètres : ce saut de puce traverse un no man's land désolé, landes arasées où l'or des herbes et des mousses sertit les plus précieux des joyaux, des rocs agglomérés porteurs de lichens.

Cette riche diversité de rudesses et de pauvretés est démultipliée aujourd'hui par une météo un peu folle : les nuages si bas s'accrochent aux murailles des fjords mais parfois le soleil s'immisce et embrase ce paysage. Un instant plus tard, la pluie noie tout, et on recommence.

Après le Lyngenfjord et Skibotn (le fond du fjord Ski), cap au sud-est pour emprunter une vallée échancrée riche d'une succession de cascades et qui abrite depuis une trentaine d'année une route superbe à tous points de vue, la route des Lumières du Nord, co-construite par les 3 voisins. Cette E8 grimpe à un plateau désolé, pelé, désert… si beau qu'un grand lac, le Kilpisjarvi est venu s'y sertir tel un diamant.

Il y a deux zones de vie à proximité, et les doubles portes et doubles fenètres, les bornes électriques pour réchauffer les voitures, tout dit l'effort de vivre ici… devant ma fenêtre, minéral témoignage de ce combat et de cette adaptation, ma montagne s'est arrondie et monte en pente douce à l'ouest, face aux vents humides qui on traversé l'Atlantique, et tombe droite, fracturée, déchiquetée, à l'est.

C'est aussi le dernier jour où mon périple était planifié de Paris. Reste 3000 km de retour, sans doute via la Suède.

Allez jeter un œil sur les photos, pour rêver…

Un rêve de voyage c'est déjà un voyage.

vendredi 14 août 2009

Vardo – Alta



Depuis hier, je suis de retour dans le même fuseau horaire que vous, lecteurs parisiens. Je viens de le découvrir à la réception de cet hôtel des bois en bord de mer et sous les cimes enneigées. Pas d'inquiétude, on va remettre tout cela dans l'ordre.

Réveil à l'aube, donc… le lever 8h, départ 9h s'est subrepticement transformé en lever 7h, départ 7h45. Heureusement que le petit déjeuner était servi à partir de sept heures, je me serais senti un peu bête…

Routes sublimes sous le soleil et les giboulées que je vous raconterai au retour du musée d'Alta… et du dîner (burgers d'élan grillés, bière, café). C'est-à-dire maintenant.

Repartons donc de ce sympathique port de Vardo. Je ne lui ai pas rendu justice hier soir.

Vardo est sur une île, face à la Russie, on y accède en longeant le Varangerfjord, et en passant les deux villages de Nesseby (avec sa petite église de bois blanc, témoignage de foi isolé au bord du fjord, la carte postale inévitable et si belle quand la lumière s'y prête) et de Vadsø (là, juste la vraie vie, le centre commercial et les stations services, ainsi que l'hôpital… et des pistes de ski de fond). Météo oblige, pas de clichés cette année ici. Car comme je l'ai dit, l'eau des nuages rejoint celles de la mer de Barents, sous forme de pluie puis de fusion indistincte. Et pourtant, ce fjord est impressionnant. Par sa taille d'abord. Par la splendeur turquoise de son eau. Par, comment dire, sa détermination : il est le plus septentrional des fjords, même le U des vallées glaciaires n'a pas pu supporter sans adaptation les outrages d'un climat impitoyable. Et parce que la vie s'y accroche, de ses villages actuels à un habitat préhistorique.

On accède à ce petit port de pèche (et station radar avancée de l'OTAN…) par un tunnel qui plonge 80 mètres sous l'océan (c'est le panneau à l'entrée qui le dit, si vous voulez vérifier…) juste après les pistes de l'aéroport. Car Vardo comme Vadso ont leur aéroport. On y pêche notamment le crabe royal du Kamchatka, que les soviétiques ont introduit en douce dans la mer de Barents et qui y prolifère à la plus grande joie (maintenant) des pêcheurs.

L'hôtel – l'unique hôtel – est plus utilitaire que charmant, mais la cuisine y est convenable. Ma chambre est une « single » type : pas très bien fichue ni la mieux placée, mais quand même sur le port. Au bilan, une bonne étape.

La météo détestable me prive de la balade qui m'avait fait privilégier Vardo à Gamvik : Hamninberg, moins pour le village perdu au bout du monde que pour les oppositions de la roche et de l'eau, du vivant et du minéral qui y composent un hymne que je ressens profondément. Avec une visibilité de moins de 10 mètres, il n'au aura aucun plaisir mais un réel danger sur cette route étroite, sinueuse et bordée tantôt de rochers et tantôt de rien. Alors, une pensée pour ce lieu improbable, une autre pour le septentrional Gamvik, avec son micro-hôtel… lot de consolation, j'ai emprunté un des plus beaux tronçons de la route de Gamvik ce matin. D'ailleurs, on va finir par y arriver.

Donc, départ de Vardo sous trois gouttes, sans pire.

Le temps se lève vite, et le Varanger défile sous le soleil mélé de violentes mais courtes ondées. Le fond du fjord atteint, un peu de route banale pour Tana Bru, et cap au nord sur la 98, la plus belle route que je connaisse. Elle commence en beauté par la descente de la Tana, vallée étroite qui va alimenter le Tanafjord, puis cap plein ouest avec plein de convolutions pour suivre les 70°30 N. La route devient plus étroite et son revètement détestable, craquelé, boursouflé, ondulé… Si vous avez un proche qui est malade en voiture, je vous conseille ce tronçon : il tourne, il monte, il descend, sans aucune visibilité, il est étroit et il secoue plus qu'une piste ! Zut, vous aviez oublié votre sac en papier ? Comme je suis désolé.

Les gros pneus du Tiguan font merveille pour contribuer à mon confort, et le couple amélioré est fort agréable pour gérer en douceur ces montagnes qui ont su ne pas devenir russes. Je rale quand même intérieurement quand les affaissements de chaussée rendent la tenue de cap hasardeuse. Et je dois alors le souvenir que les Vikings ne sont pas commodes. Puisque je râle, plus de route. Oui, tout d'un coup, plus de route. Une sorte de chantier s'est débarrassé de la route initiale et prépare le soubassement de la prochaine. Résultat, une piste temporaire de cailloux pleine de trous envahis par l'eau – je vous ai dit qu'il avait plu ces derniers temps ? Les 23 derniers jours… j'apprécie les quatre roues motrices pour ne pas me traîner si je veux garder la maîtrise de ma situation. Un gros camion de chantier s'engage devant moi (bon, il est nettement plus gros, je ne dis rien), il fonce (à 40 km/h) et je le suis au milieu de trombes de boue. Quant il s'efface à gauche je fais de même, et me retrouve sur le parking des engins… malin… et c'est reparti, route infâme mais décor sublime, de nature aride et de roche, de torrents et de lacs qui s'accroche improbablement. La descente sur le Lakselfjord est un grand moment esthétique. Remontée sur les plateaux arasés par les glaciers, et à partir de la redescente vers Lakselv, la route devient superbe aussi au plan technique.

Après Lakselv, le changement de paysage est total, et il reste le même. Comment dire : la route va suivre un large torrent que l'on voit si peu profond et si vif, dans un paysage où plus d'arbres ont su parfois s'accrocher, alors qu'avant tout était miniaturisé tels des bonsaïs. Pas de doute, on est toujours dans un espace où chaque étincelle dit la difficulté et la beauté de vivre, mais le dit avec un autre accent.

Déjeuner à Lakselv de mouton rôti et d'une fine gaufre repliée. Quand je la déplie, je trouve un petite tranche du fromage aigre-doux typiquement norvégien. C'est particulier… le tout est bien sur arrosé de l'inévitable café.

Parce que, s'il y a toujours de rennes partout, il y a aussi une ribambelle de moutons qui errent. Il faut dire que si en Finlande Sames et Finlandais peuvent posséder des rennes, ici ce droit n'est concédé qu'au seuls sames. Les autres habitants élèvent donc des moutons gras à l'épaisse fourrure et à la chair gouteuse. Là, je suppose que je ne vais pas faire l'unanimité, mais je n'ai pas de sympathie pour le mouton aseptisé de l'hexagone, je préfère de loin les bêtes savoureuses comme ici. Mais attention, je n'ai pas parlé de saveur d'agneau, bien de mouton.

Comme les giboulées torrentielles alternent toujours avec le soleil, allez donc faire un tour sur Picasa, il y a quelques photos que j'aime bien.

Le passe aussi à coté de quelques neiges tardives, et me voila qui remonte vers la mer et Alta.

Pardon ? Pas logique ?

Certes.

En fait, les quelques 50 derniers km ou presque se font sur un large plateau ondulé seulement par les moraines et où coule largement mais sans profondeur un beau torrent plein de pêcheurs (donc je suppose de poissons aussi), et il coule vers l'est. Facétie des thalwegs, la séparation des eaux est toute proche d'Alta, ce qui fait que l'on a la curieuse impression, qui est d'ailleurs une réalité, de monter presque jusque au dernier moment vers ce port atlantique !

Là, pas de difficulté pour trouver l'hôtel qui est en pleine métamorphose, de l'auberge de jeunesse améliorée à l'hôtel au centre d'un golf en création… très correct, et savoureux (et copieux).

J'ai le temps de voir et photographier les gravures rupestres d'Alta. Ces deux tomes de bandes dessinées préhistorique en bordure de mer sont rendus accessibles (et préservés) par des chemins de bois à l'instar des zones humides et/ou fragiles de parcs. Les gravures sont variées et détaillées. Superbe étape. On y voit des chasseurs tenant leur gibier, des petits rennes dans le ventre de leur mère, de grands bateaux… Le wikipedia du temps !

Une grande et belle étape, que l'on devrait développer comme le méritent 542 km parcourus en près de 9h. Mais ma couette se fait insistante, et la route de demain (pure montagne) doit me trouver dispos.

A bientôt !

PS : comme d'hab, ce blog est écrit au fil des doigts et de la pensée, et pas relu sérieusement. Alors, pour les coquilles, partagez les reproches aussi avec monsieur Word, sur lequel je tape ceci, et dont les talents de correcteur sont contrastés.

jeudi 13 août 2009

Pyhatunturi – Vardo : Que d’eau, que d’eau ! (bis)


Je sais que j'ai déjà utilisé, ce titre, mais là je n'ai pas mieux.

Au menu : route sous la pluie, route dans la brume. C'est moins réjouissant que le premier usage du titre !

« Il pleuvait fort sur la grand'route… »

Aujourd'hui, cap au nord à nouveau. J'emprunte la route centrale vers le nord (la 4), et donc la Norvège, pour arriver à un petit port de pèche, Vardo, quelques km au sud et à l'est du Cap Nord (la falaise superbe avec les touristes glauques).

Pour le coup, les paysages changent progressivement, la hauteur des arbres baisse, les pierres deviennent de plus en plus importantes, sous forme de champs d'éboulis ou de moraines. Les lacs se font plus isolés, quand ils portent des arbres ceux-ci sont rabougris tels des bonsaïs. Enfin, à une exception près, l'immense et majestueux lac Inari. Longé à l'ouest puis au nord, il dévoile une riche variété d'îles découpées. Il y a d'ailleurs des croisières quotidiennes. Moi, je me contenterai de gravir en voiture une colline au sud (pente de 20%, dit le panneau). Compte tenu de sa taille, plutôt celle d'une mer que celle d'un lac, je n'en devine entre les gouttes de pluie que quelques îles.

Donc en résumé : au départ de Pyhatunturi des collines isolées, puis de moins en moins isolées qui font que la route, belle et droite, joue les montagnes russes. Inari, une mer au milieu des collines qui garde la porte des terres sames. Bien sûr, je n'ai pas vu de sames de carte postale… j'ai l'impression de passer successivement deux seuils, en fait : au nord du lac, d'abord. Les étendue planes sont soit marécageuses, soit couvertes de rocs. Les arbres sont séparés, non plus par des arbustes nains et des myrtilles, mais par des lichens. En arrivant en Norvège ensuite, c'est-à-dire sur le Varangerfjord. Les collines sont remplacées par de durs escarpement, les rapides grondent au lieu de glouglouter, les pentes sont souvent arides. L'eau du Varanger, elle, et d'un bleu turquoise qui détonne dans toute le grisaille environnant.

La route ne cesse de grimper et de redescendre sur les 625 km : près de 2500 m de dénivelés cumulés sur les 9 heures de route.

Je suis surpris par le trafic assez intense de cette route. Je veux dire que j'aurais de temps en temps une voiture en vue, et même que j'aurai à doubler.

Je croise bien sur quelques rennes au milieu de la chaussée, dont un magnifique faon tout blanc.

La pluie, elle, s'est interrompue à de rares occasion, notamment pendant que je déjeunais d'un lounas correct à Inari. Depuis que j'ai atteint le fjord, les nuages étaient de plus en plus bas, au point que les goélands restent à quelques mètres du sol, pour voir quelque chose. D'abord accrochés aux sommets des escarpements, ils sont progressivement descendus, disons un peu après Vadso, à la hauteur de la mer. J'ai donc terminé la route dans une ouate complète.

J'ai bien retrouvé l'hôtel et dîné agréablement de travers de porc (le menu du jour) & d'une mousse de fruits, arrosés d'un café et de bière. La réceptionniste me dit que ce temps dure depuis 23 jours.

Si j'arrive à me connecter sur Internet, je mettrai les quelques photos du jour (non, ce n'est pas du noir et blanc !).

C'est fait!

Au fait, il fait 8,5°C...


Désolé, mais neuf heures de route par ce temps ne disposent pas à l'écriture, on fera mieux demain.

Ah, aussi, un grand moment de honte : j'ai vu le premier papier par terre depuis mon arrivée en Finlande. Un coupon d'accès à un cinéma de Lyon.

mercredi 12 août 2009

Pyhatunturi : nouvelles du front


Victoire incertaine donc glorieuse des forces du jour. Même si le soleil ne veut pas faire de provocation et ne se montre pas, la brumeuse reine de la nuit a reflué. Elle a laissé des espions, grosses gouttes de rosée accrochées au branches des pins tordues par le combat et aux fragiles brindilles des bouleaux.
Ses bandes, en bancs de brouillards tenaces, restent massées dans la plaine au pied de la forteresse Kultakero.
(ce billet est illustré avec la cascade de Pyhankaste qui ferme le défilé d'Isokouru - un lieu de sacrifice sames).

Hossa – Pyhatunturi : l’Autre Alliance


J'ai quitté Hossan Lomakeskus ce matin sous un ciel gris et un petit 17°C par la route du nord, la 843.

Pas de détours étranges au programme, juste une liaison vers les rivages du nord que je ne peux atteindre d'une traite. En préparant ce voyage, j'avais repéré un hôtel au pied d'un domaine skiable dans des paysages lapons. En route donc.

Pas de grands commentaires sur la route prévue, très belle à tous points de vue. Je me retrouve quand même derrière un convoi exceptionnel, que je finis par dépasser. Un morceau d'usine passait par là…

Je dois juste interrompre une fois le guidage du GPS de la voiture, qui décidément ne supporte pas de me faire passer par des pistes, même quand comme ici, et c'est plutôt comique, elles sont la continuation de la route principale. En contrepartie, il dispose d'un mode « topographique » où il montre la position de la voiture sur une carte où figurent le moindre bout de chemin, les lacs et les points d'intérêt. C'est remarquablement agréable et utile pour naviguer !

A droite sur la 5, cap grand nord. Un peu après midi je franchis le cercle polaire, ce que je fête dans le même restau que l'an dernier, à nouveau d'un beignet (500g pièce !) et d'un café. Ce sera mon déjeuner.

Une brève escale à Kemijarvi me permet de refaire le plein de ma monture (dont l'appétit décroit de jour en jour, que 6,4 l/100km pour ce 4*4 à boite auto) et de mon portefeuille. La ville est sans le moindre cachet, mais utile et les gens ont la gentillesse des pays rudes.

Le changement de paysage est à la fois évident et insensible, indescriptible. Je vais quand même essayer de restituer ce que j'en ressens.

Autour d'Hossa l'étreinte de l'eau et de la terre s'exprime par la juxtaposition de douces collines (enfin, douces quand on ne monte pas…) couvertes d'arbres souvent majestueux et de lacs de toute taille qui à leur tour hébergent des îles où les arbres ont pris de belles extensions. Progressivement, les arbres ont perdu de la hauteur, mais surtout la douce alliance des éléments s'est faite plus brutale. Le lac de Kemijarvi est immense, et nu. Ici, alors que le regard se perd dans un lointain horizon de buttes et de forêts, les quelques lacs sont isolés. Les contraintes qui poussent chaque milieu ici à ses extrêmes ont eu raison de cette imbrication si tendre. Les arbres aussi ont commencé à adapter leur ambition au milieu : leurs cimes en plaine sont de plus en plus basses, elles enhardissent dès qu'un relief lors offre un abri.

Le parc naturel de Pyha-Luosto est défiguré par les pistes de ski alpin sur les flancs du Kultakero. C'est certains, c'est dommage, passons. C'est quelques tâches au milieu d'une grandeur âpre, à couper le souffle. Même si je n'ai eu le temps de les tagger, vous trouverez les photos ici : http://picasaweb.google.com/jean.corbel .

Imaginez un plaine, nous avons quitté les ondulations de la Finlande centrale. Les glaciers on tour raboté, sauf quelques buttes, pas très hautes – on culmine vers 500m. Et pour résister fièrement à la fureur arctique du haut de ses 500 m, il faut se cramponner, on n'est pas n'importe quelle montagne. Arrondie par les éléments, les arbres ont passé la main aux lichens depuis disons la mi pente. Les roches elle-même se sont divisées pour survivre, et ce sont des champs d'éboulis qui confortent d'autres éboulis.

Entre le Kultakero et son voisin le Noitatunturi resté sauvage, une gorge a été aménagée. Oh non, pas de barrage ou d'autre exploitation. Non, pour permettre la découverte de ce milieu fragile, un chemin a été entièrement protégé : cheminement de planches pour éviter de perturber ce havre de vie entre deux géants austères.

Comment exprimer ce que l'on ressent dans ce V étroit où un torrent cristallin serpente entre les éboulis, à l'ombre des pins et des bouleaux, quand les éboulis n'ont pas eu raison d'eux. Il fait gris, et la lumière pénètre difficilement. J'ai passé le reflex en réglage manuel, 400 ISO et plus d'une fois forcé le diaphragme pour préserver de la profondeur de champ, ce qui a du mettre le stabilisateur d'image à l'épreuve. La succession des tronçons, roches, verdure, eau prenante. Ce lieu est un endroit que je ne saurais trop recommander, un de ces lieux rares où s'exprime l'autre Alliance, celle de l'Homme et de la Nature avec respect et admiration.

Le bout du chemin est marqué par une cascade modeste et un petit lac aux eaux noires. Pour celui qui choisit de continuer son chemin en faisant le tour du Kultakero plutôt que de revenir sur ses pas, il se souviendra d'un escalier de bois de quelques 400 marches.

La vue des paliers n'est pas désagréable. D'abord parce qu'on s'arrête un instant de grimper. Et parce que l'on bénéficie d'un point de vue sur la gorge que l'on vient de parcourir…

Le chemin continue au tiers de la montagne ou colline, comme vous voudrez. En tout cas, c'est en dessous de la limite des arbres.

Le chemin est large, c'est une piste de ski de fond toute en douceur.

Le ciel continue de s'assombrir, les premières gouttes tombent. J'ai bien enfilé une polaire, car le fond de la gorge est frais, mais je n'ai rien d'imperméable. L'appareil photo et le GPS sont en péril. Je les abrite de mon corps, accélère et la pluie aussi. Il me reste 2,7 km… Je finis par passer devant une de ces cabanes de montagne, toute de rondins, sans doute destinée à garder quelques réserves. Sont faîte doit culminer à 1,5m, et je me tasse devant la porte à l'abri modeste de l'avancée du toit ; comme la pluie redouble, je retire la simple cheville de bois qui tient la porte fermée, l'ouvre et l'assied à l'intérieur. C'est vide, et c'est sec… je suis loin du reflexe numérique et du GPS, à attendre dans cette hutte immémoriale que la pluie s'apaise. Un quart d'heure passe, l'ondée s'éloigne alors que l'air a fraichi. Je salue l'inventeur de la polaire, aussi chaude humide que sèche, et mon bon génie qui m'a dit de l'emporter. L'appareil est sec. On est reparti. Un gros km, et des gouttes refont leur apparition, alors que je viens de passer une hutte ultra moderne, ouverte bien sur, avec des bancs et une cheminée centrale / barbecue. Je décide de pousser au bout, et je termine au pas de course, trempé mais les appareils à peu près secs. Ils sont sains et saufs.

Je retire mes affaires dirons nous humides et les suspends dans le séchoir de la salle de bain. Il y a en effet deux cabines dans la salle d'eau de ce Best Western Pyhatunturi, et c'est simplement génial : dans l'une, un radiateur petit mais costaud et des porte-serviettes pivotant sur 3 hauteurs. Dans l'autre, une douche. C'est symétrique, la cabine à mouiller et la cabine à sécher. Et cela marche, il est 23h quand j'écris ceci et du gilet multi-poche de coton au pantalon en passant part tout le reste, eh bien tout est sec.

Il n'y a pas grand monde, donc sauna (très beau, intérieur en forme de hutte – il y a aussi une bain à remous tentant, mais il est mixte et je suis descendu sans rien) suivi d'un diner de saumon et de bière sans foule (mais avec un service plutôt long – déjà pour s'apercevoir de ma présence, disons 15 à 20 minutes, puis ne pas trouver la carte en anglais (re-15 minutes…))! Le saumon grillé et sa sauce (sorte de beurre blanc nantais) sont fameux, ils sont décorés de cressons proprement inouï, tendre, délicat, la force du cresson et la douceur de l'alfalfa… les pommes de terres écrasées, les carottes et un légume non identifié servi tel des nouilles plates forment une délicieuse harmonie à la conclusion cette riche journée.

Cela me laisse le temps d'observer une terrible bataille. L'avant-garde de l'eau se glisse en une langue de brume qui s'approchant de la droite coupe la colline des arbres qui la défendent de loin. Enhardis par ce succès une seconde langue de brume apparait insidieusement et en volutes bourgeonnantes déploie une seconde offensive victorieuse. Les deux détachements se rejoignent, tandis qu'une troisième ligne s'avance selon le même procédé. Et je crois bien que désormais les griffes de la brume grattent aux carreaux.

Il fait totalement noir là où un crépuscule permettait de se déplacer aisément hier.

Les loups et les ours peuvent entrer en scène…

Bonsoir !

mardi 11 août 2009

Hossa : Voir ou devoir, il faut choisir


Après une journée où tous les moyens (de transport) étaient excellents, ma dernière journée ici à Hossa s'est placée sous le signe de la relative contrainte.

Ce matin, je suis allé au camping voisin laver le linge de mes 10 premiers jours de vacances. A la petite boutique où j'ai déjà acheté les pansements, la commerçante répond à ma demande de washing machine, « Sprechen sie Deutch ». Je suis mal parti. Je lui dis en anglais que non, seulement anglais et français. Elle dit deux mots à sa complice en cuisine, et elle m'emmène à la machine, me donne la lessive et la met en route. Je m'installe un peu plus loin au bord du lac pour lire, retourne voir si tout va bien (ce qui est très théorique car c'est une machine à chargement par le haut, donc je ne vois rien – au fait, cela me surprend beaucoup car je croyais qu'il n'y avait que les français à utiliser ce type de machine), le même dame vient voir si j'ai un problème, et j'en profite pour lui demander àù étendre le linge. Il y a en effet des cordes à linge (du polypropylène bleu qui doit au moins faire un demi-centimètre, cela devrait résister !) fort bien cachées. Je retourne lire, et une renne et son faon tournicotent autour de moi.

Quand j'ai étendu mes affaires qui devraient bien sécher car il y du vent en rafale et de belles apparitions du soleil entre les nuages, je vais faire un tour à une supposée ferme de rennes. En fait c'est surtout un magasin avec des vidéos et un petit bar. Je prends un café et un gâteau maison (sorte de grosse brioche bien consistante mais très bonne avec une farce (sucre et beurre ?) que je n'identifie pas. Je discute avec la « fermière », qui m'explique qu'ils ont à eux 100 rennes, mais qu'en hiver ils en accueillent ici 400, car on ne peut les laisser en semi liberté comme l'été : vous comprenez, les loups les égorgent. El les ours, avant qu'ils n'hibernent. Bon, le ski de fond hors piste, cela vous dit ?

Je fais un tour avec elle autour du magasin (avant qu'ils ne se mettent aux rennes avec son mari, ses beaux-parents y élevaient des vaches, c'était l'étable), et des 4 rennes familiers deux se montrent. Elle me photographie alors que l'un d'eux mange dans ma main.

C'est l'occasion de mentionner que les rennes sont beaucoup plus élégants cette année. Non que la mode ait changé, enfin ce n'est pas sérieux, non, c'est qu'il a fait si humide (en juillet) et si chaud (maintenant) que la chute de leur bourre est complètement terminée, alors que l'an dernier ils avaient un côté pellagre. Ici, ils ont un pelage ras, dense, magnifique. Leurs bois sont encore couverts de duvet très vascularisé, et donc assez chaud au toucher (oui, j'ai pu chahuter avec le renne). Cette peau tombera à l'automne, et les bois apparaitrons dans leur aspect « corne », sans plus d'irrigation ni d'innervation. Cette adaptation n'est pas surprenante, ces animaux ont développé un ensemble de caractéristiques étonnantes pour s'adapter à une amplitude thermique de plus de 50°C, des toisons variables dont celle d'hiver est si isolante que la neige n'y fond pas, à une température du corps très différente selon les organes ou à un lait adapté à des conditions où des pis à la Pamela Anderson seraient un risque mortel : un femelle allaitante produit 20 cl de lait par jour pour son unique faon (oui, à peine une canette). Et avec ce « maigre » menu, le petiot passe en six mois de printemps et d'été de 4 à 40 kg. Dans la famille concentré nutritionnel, je me demande si on a mieux !

Après la pause rennes, je passe à l'est. Je veux dire que je prends une série de pistes qui m'amènent à la zone frontière, balisée en jaune, ce no-man's-land de 3 km de part et d'autre de la frontière. J'imagine Le Carré… comme il est interdit d'e franchir cette muraille virtuelle, je ne sais la part de la réalité et de la projection qui me la fait trouver plus sauvage.

A la fin de la guerre froide, Je retourne surveiller le séchage du linge, je retourne aussi certains vêtements, et je pars dans l'idée de faire un petit raid à kayak. Le permanent du centre nature est désolé, il n'a personne pour me poser au point de départ tout de suite, et après cela fera un peu tard. Il va falloir revenir ! Nous discutons un peu, et il m'indique une petite marche, prévue pour 12 km, selon lui très belle.

Me voila parti, en bermuda genre surfer, t-shirt et gilet multi poche, sans sac à dos ni appareil photo. Le périple commence là où je me suis baigné, et se poursuit en effet dans une enchainement très agréable d'eau et de pins, parsemé de rennes. Vous pouvez permuter les termes à votre guise.

Le ciel cependant s'obscurcit assez visiblement, au point qu'à 3 km de départ je décide de rebrousser chemin, alors que le tonnerre gronde au loin. Je presse le pas sur le retour et finit même carrément en courant le dernier kilomètre (plat, heureusement) alors que les gouttes d'éparses sont devenues vraie averse. Assez fier de moi, 16 km/h sur le dernier mille mètre. Comme quoi tout est dans la motivation.

Je sors le GPS de la poche de plastique où je l'avais abrité avant de rebrousser chemin, il est intact et c'est lui qui me donne ces infos.

Changement de t-shirt, celui que j'ai retiré me sert à m'essuyer.

Je retourne vers le linge. Ouf, il n'a pas souffert. Je le décroche, le ramène et le repasse

Tandis que j'écris, le ciel est à nouveau plombé, avec la sublime lumière des orages, et des rafales violentes secouent les pins qui me séparent du lac, dont les rides déferlent.

Quelques lignes de blog… Et voila pour aujourd'hui !

lundi 10 août 2009

Hossa : Tous les moyens sont bons


Ce matin, il fait très gris et frais. Un petit 15°C m'accueille à 9 heures et demi, avec une impression de fraicheur plus importante, sans doute due à l'humidité ambiante – les lacs, c'est plein d'eau.

Je ne vais pas décrire encore le petit déjeuner, qui a une ressemblance naturelle avec ses prédécesseurs ici, sauf pour l'information captivante que je suis passé à deux verres de lait plus un bol de yaourt en complément de mon régime habituel, et pour réparer un oubli. Chaque matin, je déjeune avec en lointain fond sonore l'accent québécois : la télévision diffuse un feuilleton canadien tous les matins – je crois que c'est un mélo autour d'une institutrice à ce que j'ai entre aperçu (Maria Chapdelaine ?),. L'émission n'est pas doublée, mais sous-titrée. C'est très rigolo pour moi, on ne sort pas du grand nord !

Alors, que faire si le temps n'est pas beau, et compte tenu que l'une de mes ampoules s'est mise à vif ? pas question du grand circuit restant et ses 20 km, certes plutôt plat, mais quand même.

Je n'ai pas envie de reprendre un kayak sous le froid (relatif, je prends je l'admets des goûts de luxe), et alors que la pluie menace.

Je parcours le classeur que l'hôtel a placé dans la chambre, on y trouve quelques destinations avoisinantes que je peux aller découvrir d'un coup de voiture.

Première destination, donc, le village de Juntusranta, une quinzaine de km au sud de Hossa.

Ces quelques maisons sont posées au bord d'un très beau lac, aux rives planes et lumineuses. Ces rares habitations entourent une église moderne pas vilaine, une banque, un petit supermarché et un petit garage / station service (où le Tiguan et moi ferons le plein au retour). Les maisons elles-mêmes sont belles, plutôt vastes (même selon les critères d'ici). Ne vous faites pas d'idées, je parle d'une dizaine de maisons en tout. Et entourent, entendons-nous. Il ne s'agit pas du plan d'un village breton, serré autour de son église. Elle est même en bordure du keskus (centre). C'est juste un ensemble de maisons largement espacées.

J'oblique au nord est, quand la route principale part au sud-est. Si vous voulez suivre sur une carte, je quitte la 843 pour la 9131, qui est bien sur une excellent piste. Elle me mène d'abord à une stèle commémorant les premiers coups de feu de la Guerre d'Hiver, ce qui n'est pas ma destination, mais surtout à la réserve naturelle de forêt primaire de Martinselkonen. Un petit parking (c'est-à-dire un espace ni marécageux ni boisé à côté de la piste, avec un panneau explicatif), à côté d'un joli pont sur des rapides et au bout d'une piste qui cette fois est vraiment une piste. Je descends et suis un peu le chemin de randonnée. Je n'ai pas de carte, et l'indication est lumineuse : 9 – 20 km… Neuf, je veux bien, 20, non. Et je suis au ras de la zone frontière, et il n'y a qu'un chemin. Je décide pour un moyen terme, je m'enfonce le long du chemin tant qu'il est parfaitement balisé de cercles et de ronds bleus. Le chemin est une minuscule sente, marquée je suppose parce que j'arrive après le plein de la saison touristique. Si en arrivant j'ai aperçu trois rennes dont l'un portait des andouillers impressionnants, ici la nature est plutôt représentée par des fourmis (il y en a partout, et je retrouve ces énormes fourmilières d'aiguilles de pins, l'une faisait bien un mètre et demi de haut). Les fourmis sont toujours de deux espèces, l'une d'un bon centimètre et plus, l'autre de quelques millimètres.

J'ai aussi photographié une fleur magnifique qui seule de son espèce poussait au bord de la sente, une sorte d'orchidée eut-on dit, rose-rouge.

Et des champignons. Des petits. Des gros. Des ENORMES. Des blancs. Des beiges. Des rouges… je suis certains que certains était de parfaits bolets, mais je n'ai rien cueilli ni touché. Des tas de champignons, sans exagérer.

J'ai donc traversé à pieds un espace de forêt primaire, c'est-à-dire non géré, et vous verrez sur les photos (un jour, peut-être) que c'est tout à fait différent, beaucoup plus touffu, les espèces s'entremêlent, la progression hors des sentes est parfois impossible. Plus loin, une clairière, fruit sans doute d'un incendie, donne leur chance aux bruyères et aux grandes fourmilières qui se nourrissent des arbres abattus.

Je suis sur un territoire d'ours, mais je n'en ai pas aperçu.

Je reviens sur mes pas (faute de carte…) et vais faire quelques photos sur le pont qui enjambe de jolis rapides à quelques pas.

Avisant une sente qui franchit le fossé sur deux rondins, je l'emprunte pour découvrir un moulin à eau, en parfait état. Oui, en parfait état car le bâtiment principal, avec la roue à axe vertical (et non horizontal) et la meule de pierre avec son alimentation en grain, tout ce système est bien en place, et je suis convaincu opérationnel. Et c'est ouvert à tous, la porte (haute d'un mètre vingt environ) est maintenue fermée par un simple loquet de bois, sans doute pour éviter qu'un nounours n'en fasse sa tanière ! Il en est de même du second bâtiment, que je suppose être la réserve de grains.

La carte de l'hôtel me fait penser que je peux rejoindre au plus court ma destination suivante, un autre moulin et une rivière.

Là, pour le coup c'est de la piste de chez piste, il faut regarder où poser les roues, mais cela passe bien. Jusqu'à ce que je me retrouve face à un engin. La chose, posée sur six énormes roues à crampons renforcés de chaines dépose des troncs qu'elle portait sur son dos en bord de piste à l'aide d'une sorte de pince à sucre gros modèle. Très gros modèle. D'une part il bouche évidemment la piste, mais aussi ses roues monstrueuses ont transformé la piste en sablière. Je commence par recule pour aller faire demi tour, quand il s'efface nonchalamment pour aller chercher de nouveau troncs dans les profondeurs de la forêt. J'ai un instant d'hésitation, je n'ai jamais testé le Tiguan dans une mer de sable, mais je me dis que si je me plant il y a sous la main juste ce qu'il faut pour me sortir du pétrin. Je prends un peu d'élan et tout en douceur, sans coup de volant ni d'accélérateur, cela passe en fait comme une fleur. Le Tig' se révèle remarquablement à l'aise durant toute cette matinée, la direction légère et précise conjuguée à l'adaptation automatique de la puissance sur les quatre roues fait merveille. La suite de la piste reste difficile sur quelques kilomètres, avec des ornières profondes où il ne faudrait pas poser les pattes de ma monture. Tout ceci se passe parfaitement bien, et je retrouve les pistes plus habituelles bientôt. Superbe navigation, j'arrive pile où je voulais. Il y a bien un petit centre de nature, où m'accueille un setter amical et un vieux renne familier. Si le setter le renifle sous toutes les coutures, le renne vient à moins d'un mètre avant de retourner méditer. Il a des andouillers assez respectables, mais aussi plusieurs bosses sur le front. J'imagine qu'il lui en pousse d'autres.

Un dernier tour de piste, et je rejoins la route principale (843).

Je remonte sur Juntusjarvi, le plein pour le Tiguan, café pour moi, et je remonte, d'abord en faisant une pause au bord de l'Hossanjoki, sur de modestes rapides où pèchent deux finlandais et un canard.

Je repasse devant l'hôtel pour atteindre l'autre pôle de la journée : le canyon de Julma-Olkky.

Cette formation inhabituelle pour la région est un petit lac étroit, dont l'une des extrémités est proche de Varikalio (les peintures rupestre, vous vous souvenez ?) dont il est séparé par un petit lac l'Ala-Olkky, et remonte sur quelques kilomètres vers le nord.

Un bateau à moteur promène des touristes aux pieds de ses falaises qui atteignent plus de quarante mètres. Je fais la balade, plutôt par hasard car le batelier de fait signe qu'il va partir… je ne le regrette pas, c'est superbe, très différent des autres lacs. En plus, le temps s'est bien levé et il y a une belle lumière qui permet de bien voir, notamment la petite peinture rupestre, du même style que ses amples sœurs de Varikalio.

Et c'est le retour, tranquillement, pour découvrir une nouvelle cargaison de touristes hétérogène, françaises et espagnoles à première vue / ouïe.

Vous comprenez le titre, maintenant ?

dimanche 9 août 2009

Hossa : que d’eau, que d’eau !

Aujourd'hui :

  • Kayak
  • Lounas (repas de midi – c'est Dimanche, après tout !)
  • Baignade dans l'Iso-Valkeainen & bronzette

Donc réveil vers 9h30 et direction le petit déjeuner. Pas de grande nouveauté, il y a toujours la meute des motards et les délicieux pains faits maison. Soit, il n'y a aucun rapport, et alors ? Je prends le petit déjeuner en t-shirt sur la terrasse du restaurant en regardant le lac. C'est pas mal, non… comme je me dirige vers le buffet, une fournée des dits petits pains m'appelle et je ne sais y résister. Ils sont vraiment délicieux, et juste à la sortie du four, mmm… Il finit avec du beurre et une tranche de jambon.

Solidement lesté, je me dirige vers le centre nature. Un mot en passant sur mes ampoules. J'ai changé les pansements, elles sont superbes (la peau extérieure est bien sur partie toute seule) et nous convenons d'un modus vivendi équilibré : elles m'emmerdent, je les emmerde. J'ai cherché une version élégante, j'avais trouvé : elles et moi vivons dans un consensus socialiste, mais cela était un peu méchant. En fait je les aime bien, mes ampoules… donc ceci reste ma meilleure description. En fait, avec le pansement d'une part, en faisant sécher mes pieds et en changeant de chaussettes après chaque vraie marche d'autre part, cela devrait aller. En plus, quand on marche, on secrète des endorphines, qui limitent la capacité de nuisances de ces petites choses. Sincèrement, c'est désormais supportable. Et je ne vais pas laisser un micro bobo m'empêcher de faire ce que je veux. Je surveille en changeant les pansements, je pense que cela va parfaitement se terminer. Mais que j'ai été stupide, quand même !

Quand j'arrive au centre, je demande un kayak, on me passe une pagaie double, un gilet et une jupe. Je propose de laisser la jupe, le garçon accepte, sur le lac c'est inutile. Je dis le garçon, car les trois personnes que j'ai vues au centre jusqu'à présent ont une vingtaine d'année. Et la jupe, non, je ne suis pas en Ecosse. C'est l'accessoire qui en enserrant la taille du kayakiste et l'ouverture du pontage évite que l'eau des vagues ou des rapides pénètre dans l'esquif. C'est un composant du système kayak/passager, ce qui relie les deux pour en faire une sorte de centaure aquatique. Je n'en voulais pas car cela me paraissait ridicule, et je pensais que j'aurais trop chaud. Le premier point, avec le recul, c'est ridicule, car je m'en moque. Le second, je crois que j'avais raison. J'avais oublié un troisième facteur. Suspense.

Je me dirige tranquillement au point de mise à l'eau que j'ai déjà repéré en le dépassant chaque jour sur la route. Je pose le Tiguan (la pagaie fait deux bons mètres et ne se démonte pas, mais en baissant un siège arrière et le siège passager avant, elle tient très largement). Et là, tout seul, je choisis le bateau. Il y a quatre candidats : deux en haut de « plage », deux vers l'eau. L'un de ceux du bas, je lui trouve un air club med, jaune vif, très large et très plat : il est éliminé. Les autres sont analogues sinon identiques, ce sont deux variantes d'une même famille de kayaks de raids. Même si l'un de ceux du haut ont en plus une sympathique poche dans le cockpit, je choisis la facilité et prends celui du bas, vert, deux redans (deux angles de « cassure » du bordé, un fond quasi plat pour glisser sur d'éventuels cailloux, mais une largeur pas excessive tout en restant sécurisante. Ajoutez un dossier de siège réglable, un siège en mousse, des cale-pieds quasiment parfaitement réglés pour moi et deux rembourrages là ou mes genoux vont toucher le bord de l'ouverture, il me manque que les deux filets et les sangles sur le pont pour d'hypothétiques sacs ou équipements de pêche pour compléter la description de cette superbe machine. Je me mets en maillot de bain et t-shirt, j'emballe les clés de voiture et le GPS dans un sac plastique que j'enfonce dans la poche du short, je soulève et tire l'avant de la bestiole vers l'eau, et je monte.

Les gestes reviennent naturellement, même s'il me faut quelques minutes pour retrouver une complète complicité avec ma monture. Je quitte Huosilampi vers le sud, vent et courant dans le dos, pour ma remise dans le bain. Je parcours ainsi le Nurmiselka, puis le Honkiselka et le Kannelsalmi, jusqu'à l'entrée de l'Hossanlahti, le lac devant l'hôtel. J'ai mis une petite heure, et les reflexes sont bien revenus (et certains muscles me font un amical coucou, que je ne connaissais pas !). Je reviens sur la jupe : j'ai découvert qu'elle a un autre usage, elle récupère l'eau qui ruisselle le long de la pagaie quand tu l'inclines pour alterner les coups. Comme l'ouverture est vaste, ici tout coule sur les genoux et au fond. Ce n'est que quelques gouttes, donc sans conséquence, mais par temps froid !

Demi-tour, cette fois je suis contre vent et courant. Franchement, on va tout de suite oublier le courant, sauf dans les quelques endroits resserrés il est insensible, et dans ces endroits mêmes à peine perceptible. Le vent lui est une tout autre affaire. Si hier un zéphyr discret était de mise jusque vers 16 heures, là il y a une bonne petite brise.

Quand elle est perpendiculaire à l'axe du lac, on la sent peu sauf qu'elle fait tourner le bateau. En effet, je suis assis en arrière du centre (de dérive, pour un marin !) du kayak, et donc mécaniquement il pointe le nez au vent. Il faut simplement compenser en pagayant plus fort, et parfois en doublant et plus les coups à gauche qu'à droite. Cela vient renforcer la tendance naturelle d'un pagayeur du dimanche qui a un côté plus efficace…

Quand le vent est dans l'axe du lac, il a le temps de se reprendre après l'affront des collines et des pins qui l'on transformé en chant, il est vraiment sensible et lève un joli petit clapot. Rien de dangereux, non, juste de quoi ajouter un joyeux « splash » à l'ambiance sonore, de pousser plus fort (beaucoup plus fort) et d'apprécier la qualité du dessin de la chose. Je remonte les même, passe devant le point de départ, puis devant celui de la randonnée d'avant-hier, pour rejoindre presque celui de la randonnée d'hier. Presque seulement : je me suis arrêté au milieu du Jatkonjarvi, pleine face au vent et avec un joli clapot qui parfois se brisait. Donc, force du vent entre 4 et 5. Entre le t-shirt et la brassière, je n'ai pas froid du tout, au contraire car je bosse dur, celle-ci jouant un rôle de voile dont pour l'instant je me passerais bien. Mais je ne suis pas idiot au point de l'enlever. Le point étroit, le Jatkonsalmi, est un bon moment de sport et je suis content d'être de l'autre côté, le temps de découvrir que le lac est pile dans le sens du vent. Pas grave, on y va et je fais demi tout au beau milieu. Là, je me laisse glisser sous la poussée de la petite brise, en maintenant juste le cap à coups de pagaie indolents. Bien sympa après l'effort ! Encouragé par le succès des efforts et la récupération, j'alterne pointes de vitesse et glissades silencieuses. Ce kayak est une merveille, et quand l'enchainement fluide des gestes est là, c'est grisant. En rentrant, je fais la connaissance d'une sorte d'oie grise et de ses deux juvéniles. Quand je m'approche, elle me fait un superbe numéro : elle bat des ailes violemment en frappant l'eau, sans pour autant décoller, tel un oiseau malade ou blessé. Pendant ce temps, les juvéniles ont silencieusement filé à 60° de sa trajectoire. Arrivée assez loin, et comme je ne fais pas mine de les suivre, sans doute, elle oblique et les rejoint en nageant calmement. Un peu plus loin, comme je traverse doucement un herbier, c'est un canard que je n'avais pas vu qui s'envole. Enfin, après de multiples boutons ou fruits de nénuphars, j'en ai vu deux en fleurs, splendides. C'est très sympa, d'aller à toucher deux sublimes fleurs (mais sans les toucher) au milieu d'un lac et non dans un bassin !

Il est temps de rentrer, je « beache » en beauté entre les trois cailloux sur le sable fin, je descends, je tire le kayak au sec, le retourne et je sors mon sac pour vérifier que le pocket est resté au sec et qu'il a bien enregistré le parcours. Oui pour le plus important, son état, non pour le parcours. J'avais éteint le récepteur GPS…

Je remonte rendre la pagaie et le gilet au centre de tourisme (9 euros, pour un tel moment, et du bon matos, c'est géant. 3 heures de pur plaisir). Enfin, pour le pur plaisir, on va attendre les courbatures demain…

Je décide de m'offrir à déjeuner, pour une fois. Et donc lounas (déjeuner) au centre nature : salades diverses, puis ragout de ??? (renne ? bœuf ?) avec pommes de terre à la crème. Je prends un « upcider » sorte de cidre local en plus du lait compris avec le lounas. Pas léger, tout cela, mais pas mauvais. Le cidre est cependant, à mon avis, à déconseiller. Peu fruité, pas âpre du tout, il pousse même le vice jusqu'à avoir des couleurs et des bulles genre champagne. J'aurais dû me limiter au lait, excellent.

Ensuite, je me cherche un coin pour lézarder. Le premier endroit où je me rends est occupé par trois voitures. Un dimanche, c'est compréhensible mais insupportable. Donc je repars et au parking suivant (enfin une zone sous les arbres avec un « P » blanc sur fond bleu (et des toilettes en bois)) comme il n'y a qu'une voiture et à priori de multiples opportunités, je m'arrête. Je prends le sac avec serviette et bouquins, le t-shirt dans le sac. A droite, un escalier de bois (bien sur) descend une vingtaine de mètres sur un petit lac. C'est magnifique, mais avec la pente, il n'y a pas de soleil. Donc direction la gauche. Deux ou trois kilomètres de marche dans la forêt (quasi plane, incroyable !)m'amènent au bord de l'Iso-Valkeainen, sur une plage de sable fin de 50 cm de large et d'un km de long, sur laquelle je suis seul. Enfin, presque : j'ai croisé un renne en arrivant, et ses empreintes de sabot sont partout. Je me change pour remettre le maillot humide, et sublime baignade dans ce lac quasi carré d'un km sur un km, où je suis seul (je ne compte pas le renne). Le bord est occupé par des sortes de joncs clairsemés, sur quelques mètres. Dès qu'ils disparaissent, le lac s'enfonce à pic. Le sable cède la place à une sorte de tourbe. Je me lance prudemment, ce qui est un peu compliqué entre les 50 cm d'eau et le tombant à pic. Baignade merveilleuse, longueurs enchainées tranquillement alors que le soleil baigne la plage et le lac.

Je sors, regard à droite, à gauche : pas trace du renne ni de quiconque, strip-tease et je mets le maillot à sécher sur une branche. Et je reste à prendre le soleil jusque près de 18 heures.

En partant, je retrouve « mon » renne, une belle bête encore jeune mais avec de beaux andouillers. Elle est curieuse, nous nous approchons mutuellement à moins de deux mètres, elle s'arrête, j'en fais autant, qui s'arrête aussi (le temps – facile). Un moment d'observation mutuelle paisible, et il retourne brouter un peu plus loin.

Moi, je retourne à la voiture et à l'hôtel, je vais chercher un double de la clé que j'avais enfermée ce matin, et sauna. Comme je m'y attendais, il n'y a pas plus de monde dans le sauna que sur le parking, l'installation est à moi. Donc long et excellent sauna, terminé en piquant une tête dans le lac. Non, il n'y a et n'y aura pas de photo…

Dîner d'un hamburger costaud et d'une bière, puis direction mon PC pour la mise à jour du journal.

Un superbe dimanche de vacances.

samedi 8 août 2009

Hossa : au pied du Jatkonvaara

Bonjour, samedi de repos.

Les thèmes du jour :

  • Ampoules (aux talons)
  • Motards (une centaine dans et autour de l'hôtel)
  • Marche (que 8,5 km)
  • Rennes
  • Bronzette
  • Sauna (ajout post sauna…)
  • Dîner (idem)
  • Moustiques (idem)

Je me suis réveillé ce matin avec deux superbes ampoules bien sensibles aux talons. Il faut dire que je suis parti avec mes chaussures de marche pour mauvais temps, et les Ténéré (les sortes de basket de chez Aigle que je portais tout le temps avant de partir). Comme ces dernières sont légères et confortables, j'étais bien certain de ne pas avoir besoin d'autre chose. Grossière erreur de gamin ! il faut toujours enfiler des chaussettes sèches et donc logiquement aussi de nouvelles chaussures après une bonne marche. L'oubli de cette base du randonneur est payé comptant ! Je boitille au petit déjeuner (bon, j'en rajoute, mais franchement ce n'était pas l'élégante légèreté de la gazelle !)

Le petit déjeuner ressemblait à celui d'hier à ceci près que ce matin j'ai remarqué les petits pains blancs, fait maison, encore tout chauds, des merveilles ! (même menu qu'hier, sans le porridge, deux pains blancs et un pain noir, jambon, salami, tomate et concombre arrosés de jus d'orange et de café.

Ensuite, j'ai décidé de marcher vers l'autre maison du lieu, que le plan du centre nature présente comme café et épicerie locale. Miracle, des pansements (je suis parti sans), et aussi des sachets de soupe si je n'ai pas envie de restau un de ces soirs. Je rentre, je mets les sparadraps et me voila prêt pour une nouvelle journée (il doit être onze heures). Question : quelle journée ? Je ne me sens pas d'attaque pour les vingt kilomètres du circuit que j'imaginais, même s'il est plutôt cool. Comme il fait vraiment super beau, et comme il y a vraiment des chemins partout bien indiqués, je me dirige à une dizaine de kilomètres, au bord du Jatkonjarvi (évidemment, au pied du Jatkonvaara), où je peux trouver des petites boucles ou juste paresser avec un livre à un point pique-nique.

J'avais mis au menu les motards, tenons parole. Autour de l'hôtel, et vers la boutique, c'est plus de 100 motards qui se sont installés, certains partageant des chambres de mon hôtel tandis que des tentes de toutes les couleurs ont poussé, à côtés des montures des occupants. Hier come ce soir, j'ai partagé le sauna avec des bikers. L'un d'eux m'expliquait hier soir qu'il un motard roule six mois et bichonne sa moto les six autres mois, car il n'est pas question de mettre un pneu dehors. Il m'a dit qu'il y a quelques motos spéciales qui le pouvaient. Je n'ose même pas imaginer ! Les bécanes autour du lac sont en tout cas de gros cubes rutilants. Il y avait un orchestre pour eux hier soir et ce soir. A ce que j'ai compris, je dois vraiment me réjouir de la position de ma chambre, le ta-ta-boum s'étant poursuivi for tôt dans la matinée. Entre cette localisation et le fait que l'isolation thermique est forcément très bénéfique en terme sonore, j'ai dormi comme un bébé. Je fais au moins huit heures par nuit, et cela bien que le rideau ne soit pas très occultant. J'insiste un peu, je sais que je l'ai déjà écrit, mais même si le soleil se couche vers les 11h, il fait assez jour pour se promener aisément, sinon pour lire. D'ailleurs, les photos du lac que j'ai prises le premier soir vers minuit sont très correctes !

Retour à la balade du jour.

Je trouve un petit parking où le Tiguan pourra m'attendre tout seul, au bord de l'eau sous quelques pins. Oui, seul : il n'y pas un chat, à peine une voiture par aire de stationnement ! je m'attendais à autre chose, un samedi dans une des parcs de randonnées majeur du pays !

Mes pieds protégés par leurs sparadraps, et le moral eu beau fixe comme le temps, je décide de me faire la colline Jatkonvaara, elle est vraiment très jolie d'en dessous, et il fait si doux que je monte torse nu avec ma besace d'appareil photo et le t-shirt coincé dans sa sangle. J'ai aussi mis de la crème solaire et du répulsif à moustique. L'odeur sans être insoutenable est légèrement écœurante.

La boucle commence par poursuivre sur quelques centaines de mètres la piste par laquelle je suis arrivé. Elle s'enfonce ensuite – parfaitement indiquée – sous les arbres. Les arbres, c'est presque complètement des conifères, mais je rencontre aussi de place en places des bouleaux, ce qui est près agréable à la fois pour la variété et parce que la danse de leurs feuilles dans la plus légère brise produit à la fois un doux bruissement qui vient (si le vent est assez fort) en contrepoint de la rumeur des branches et des aiguilles des pins – voila pour le son – et aussi des effets de lumière, chaque feuille interceptant le soleil à son tout et à sa manière – ce dont l'inflexible aiguille n'a pas la fantaisie. La piste monte très doucement vers le sommet, elle est très régulière, très agréable à parcourir. J'arrive au premier sommet pour redescendre et après un embranchement atteindre le vrai sommet, à 300 m. Au passage, j'ai retrouvé tous mes sens de randonnée, je suis parfaitement à l'aise sur le parcours et prévois les embranchements sans recours au GPS ni à la boussole. Est-ce un sous produit bénéfique des ampoules ? ou la reconnaissance que je devrais sortir plus souvent !

J'avise un chemin secondaire qui doit me conduire au ruisseau qui sépare les deux lacs. Et là je trouve un mylly et un koski.

Le mylly, c'est un moulin construit sur un bras de torrent. Il est parfaitement conservé, une vraie petite merveille (quelques très belles photos !).

Un peu plus haut, le koski c'est de sérieux petits rapides sur lesquels a été jetée une superbe passerelle de rondins.

Autres photos, mails elles rendent moins bien la beauté du lieu.

J'ai croisé un renne en pleine colline et un autre au retour, qui m'a contourné avec un mélange de curiosité et de crainte, personne sur le chemin sur la colline, seulement quand j'ai longé sur la piste le Jatkonjarvi ai-je vu deux voitures sur deux aires de barbecue. Au passage, j'ai levé un tétras. Je n'en avais vu que dans des livres, c'est impressionnant, gros, lourd, maladroit. Malheureusement, si je l'ai bien vu, je ne l'ai pas photographié.

Je retrouve le Tig' toujours bien à ombre. Il est vraiment superbe sur ces terrains, sa robe brune est des plus discrètes.

Je nous emmène sur une aire de pique nique libre que j'ai vue en arrivant.

Je me mets en maillot de bain, m'allonge sur un banc tandis que mes chaussettes et chaussures prennent l'air sur le rebord de la table de pique-nique. Je me laisse doucement bronzer (il est environ trois heures et demi), jusqu'à ce qu'un nuage un peu plus épais et persistant que les autres me décide à remettre le t-shirt. Je reste tranquillement à lire un bouquin sur les évolutions du Web, en terme économiques et sociétaux (« Wikinomics »). Le seul bruit est celui des poissons qui sautent en chasse, et pas de petits éperlans. D'ailleurs, j'en ai photographiés de la rive de tout petit, ceux que j'ai entendus et une fois entrevu faisaient certainement plusieurs kilos. Autres bruits, un instant, les voix assourdies de deux hommes dont l'un m'avait expliqué tantôt que la cabane plus haut était un moulin – je crois que je l'aurais raté sinon, le mylly, et qui passent en barque pour rejoindre le milieu du lac…

Il est plus de six heures quand je rentre à l'hôtel.

Vrai sauna finlandais : rejoint par deux bikers, l'un me propose du rhum, que je décline, l'autre de la bière dont je bois une gorgée. La bière est excellente, une blonde corsée et sucrée, disons fraîche, mais la boite chaude, vraiment chaude sous mes lèvres… Bon l'honneur est sauf et nous discutons un moment. Et je vais piquer une tête dans le lac. Oui, bien sur, tout nu… Je crois que c'est la première fois que je me baigne dans un lac, et elle est tiède. Bon, pas chaude, mais vraiment très agréable. Je suis quand même prudent et je rentre après deux cent mètres des plus agréables. L'au est à la fois très claire et très foncée, si l'on peut dire, du fait de la tourbe. Elle est d'une limpidité et d'une propreté absolument impressionnante. Ce qui est rigolo, c'est que les pieds des baigneurs (pressés !) on laissé un chemin sur lequel les herbes ont renoncé à poussé, et on marche sur un tapis (sable et tourbe ?) merveilleusement doux.

Au fait, en parlant de propreté, je n'ai pas vu un papier ni un plastique dans la nature… ni d'ailleurs où que ce soit depuis mon arrivée.

J'ai fait un délicieux dîner ce soir, « sandwich Hossa » avec salade et bière. En fait, c'est sur une tranche de pain de mie complet (je crois) une escalope de porc, des dés de tomate et de poivrons, plein de champignons et le tout nappé, que dis-je englouti de sauce à la crème et aux champignons. Dé-li-cieux sinon léger, mais je fais assez d'exercice pour en avoir besoin. Et ce dîner, je j'ai savouré en terrasse, en t-shirt !

Ce midi, cela a été une barre de céréale (les deux d'hier, c'était un peu lourd J ), avec le petit déjeuner je n'ai vraiment pas faim le midi, et comme je dine plutôt tôt, c'est vraiment une bonne solution.

Les moustiques… Le répulsif a fait son effet, j'ai vu quelques rares moustiques qui n'ont pas insisté. Le défaut de la douche et du sauna, c'est que le répulsif disparait. Je viens donc d'avoir ma seconde piqure car j'avais bêtement ouvert ma porte sur le lac au lieu de me contenter de la petite fenêtre à moustiquaire ! Seconde car le second jour en Finlande, je n'avais pas mis de répulsif et deux moustiques m'ont approché à une pause photo. La première (seules les dames moustiques piquent…) s'est posé, a tergiversé, je l'ai chassée et elle est partie. La seconde, je l'ai découverte sous l'effet de la piqure dans la petite peau entre index et majeur de la main gauche, qui est sensible. J'ai écrabouillé la sale bestiole, déjà bien gorgée de mon sang.

Voilà, je crois que le récit est complet, et je vais quitter la salle supposée commune où je trouve très agréable d'écrire avec une merveilleuse vue pour regagner ma chambre. Il est 22heures, le soleil vient de disparaître derrière les collines opposées, le lac lisse comme un miroir va du vieil or au rose orangé en passant par le pourpre, bien sur festonné de pins. Je tape ceci sans lumière, elle serait bien inutile.

Je suis sorti photographier ces effets de lumière, la température a bien baissé et une brume commence à enserrer le lac venant des deux rives qui nous entourent.

vendredi 7 août 2009

Hossa : randonnée en boucle autour du Laukkujarvi

…et des lacs qui le prolongent vers le nord-est.

Je me suis réveillé à 9h sous un ciel parsemé de nuages gris.

Rien à raconter sur le lever et le petit déjeuner, si ce n'est que le parking était plein de « 33 » (les bordelais, pas la bière) avec des canoës. Ils ont disparu alors que je m'installais. J'ai aussi pris du porridge ce matin, bien moins convaincant ici.

J'ai cru la météo du cru, et je suis malgré les nuages parti me promener sur une balade conseillée par le jeune qui m'a vendu la carte au centre nature, et qui est aussi mise en avant par le guide du routard.

Dix km de voiture pour rejoindre le point de départ à Huosivirta et c'est parti pour suivre un itinéraire balisé en bleu - parfaitement balisé une fois de plus. Il est donné pour 13,5 km sur la notice, 15 sur le panneau de bois lorsque les parties nord et sud se séparent. Mon GPS lui dit que j'ai fait 16 km. Avec mes petits crochets, cela donne raison au panneau contre le guide !

Les finlandais ont des lacs qui montent.

Plus de 500 mètres de dénivelé, aujourd'hui… et pas en faux plats !

Je veux bien accorder que les lacs eux-mêmes (il faut un s ? je ne suis plus sur) ont l'air plat. Mais en fait un système lacustre glaciaire c'est :

  • Des îles (on les laisse de côté, OK)
  • De l'eau autour des îles (douce, claire voir cristalline)
  • Parfois un rapide en entrée et/ou en sortie de lac vers un torrent ou le lac suivant
  • Parfois une bande de tourbe est tout ce qui sépare deux lacs
  • Et des eskers ou des collines sur tout le reste du tour. Et la, on ne parle pas de pentes douces

Donc pour aller de lac en lac, de temps en temps c'est un chemin de rondins pour rester au sec, mais bien plus souvent c'est la crête de l'esker que l'on va cherche. Va savoir pourquoi, en général le chenin attaque franchement la pente de face…

Le chemin est parsemé tous les 3km environ d'abris pour se reposer et faire du feu. Dans trois d'entre eux, des cannes à pèche sommaire avec bouchon et hameçon attendaient le voyageur. J'aurais eu de quoi allumer le feu, je crois que je me serais lancé !

Foule sur le chemin : deux couples avec leurs enfants dans deux de ces points, et deux VTTistes, qui on fait au moins en partie le même chemin que moi. Je suis assez bluffé car à aucun endroit malgré quelques vraies difficultés leurs roues n'ont laissé ces ornières de crampons qui glissent si typiques! Juste parfois l'empreinte de ceux-ci, comme celles que laissaient mes chaussures.

Donc je suis fourbu, mais emballé. Plus de quatre heures de marche somptueuse, sans l'appareil photo ni la parka, mais le GPS et un sac à dos avec eau, barre à grignoter et polaire au cas où.

J'ai aussi deux ampoules de compétition sur l'arrière des talons, pas grave.

Le GPS a fait aussi quelques photos, dont je doute de la qualité, mais cela sera des souvenirs de ces lieux exceptionnels.

Il fait 24, l'air semble humide et les rennes ont vraiment l'air d'avoir chaud !

Le temps s'est levé complètement.

Ce soir un groupe de motards avec des grosse machines rutilantes s'est installé à côté de l'hôtel. J'apprécie à nouveau d'être du coté tranquille. Je sais, c'est un procès d'intention mais il ne faut pas oublier que le vendredi soir est le soir de la biture nationale ici.

Bon, direction le sauna quand ce message sera parti.

jeudi 6 août 2009

Hossa : Peintures rupestres du Somer

Hier soir, vers minuit, le soleil était couché, mais la lumière crépusculaire permettait de voir parfaitement. Une sorte de brume basse formait une langue très localisée au fond du lac de ce côté pour disparaître au milieu. C'était féérique, onirique. J'ai essayé de la photographier, je ne sais ce que cela donne car je n'ai pas encore copié les photos sur l'ordinateur, et l'écran de celui-ci est assez moyen pour les photos.

J'ai programmé mon iPod pour me réveiller à 9 heures. Le misérable se contente de trois bips d'une parfaite discrétion. Qu'importe, mon horloge interne s'est adaptée et je suis prêt à les entendre. Je me lève un quart d'heure plus tard, pour trouver un ciel uniformément bleu, pas un souffle de vent et une température que j'évalue à une quinzaine de degrés. Tout à l'heure, la voiture me dira 17°C.

Je me dirige vers le petit déjeuner dans le restaurant. Je crois que je l'avais décrit l'an dernier, mais au cas où vous auriez oublié, l'hôtel est formé de trois zones : des petits chalets avec kitchenette, qui s'égrainent le long du lac sur une centaine de mètres, un pavillon d'une trentaine de chambres où je loge, qui donnent pour la moitié sur le lac, l'autre sur la route (je suis sur le lac) et enfin le pavillon central avec la réception, la cuisine, la piste de dance (non, pas active en ce moment - heureusement), le bar et la salle de restaurant. Donc petite marche de 50 mètres pour me rendre au restaurant, table sur le lac tranquille et surprise, un groupe de français (une dizaine, à leur conversation que seul un sourd pourrait éviter, il doit s'agir d'un circuit nature accompagné) et un autre couple hexagonal avec deux petites jumelles (je dirais 5 ans). Comme il y a pas mal de voitures finlandaises sur le parking face aux chambres et que je n'en vois que deux ou trois tables, j'imagine que nous n'avons pas les mêmes horaires.

Petit déjeuner des plus classiques sans grande originalité, trois sortes de pain (mie blanche, noir un peu genre seigle complet, et aussi ces petits pains plats noir assez typiques. Coté garniture, sorte de jambon, de salami et deux sortes de harengs (cela, le matin, non je n'ai même pas essayé), fromage, concombre et tomates. Il faut y ajouter les cornflakes, le lait et l'espèce de yaourt local, et aussi et surtout la spécialité de la Finlande centrale (Carélie), un gâteau individuel en forme de barque, dont le bordage de pate emprisonne ce que faute de mieux j'appellerai du porridge (je suis quasi sur que c'en est). Cela tient fort bien au corps et n'est pas mauvais. Ici, la pate est bien fine

Pause ! Comme j'écris ces lignes, un Finlandais ventripotent sort du sauna une serviette autour des reins, se dirige vers le bord du lac… et renonce. Il fait peut-être trop chaud en bas pour lui ? Tout fout le camp…

On revient au petit déjeuner, juste pour signaler que le café est bon, ce qui est une des (nombreuses) supériorités de la Finlande sur les autres pays nordiques, où il est généralement de (sale) type américain.

Comme la météo est incertaine malgré ce ciel tout bleu, j'ai choisi pour aujourd'hui un circuit court, qui doit me conduire à des peintures rupestres sur une falaise au nord-ouest du parc de Hossa.

Alors que je m'engage sur le chemin du centre de nature (il est à 5 km de l'hôtel, et j'en ferai encore une quinzaine pour rejoindre mon point de départ), un troupeau de rennes pose joyeusement au bord de la route. J'ai quelques gros plans sympathiques. Je continue et la bonne et très belle route qui emprunte un esker (la langue de roches et de sable assez haute qui sépare deux lacs naturellement) cède la place à un carrefour où je prends à droite à une piste. Un peu plus loin, je me trouve, parfaitement au centre de la piste, un jeune renne, qui trotte joyeusement (cela ne fait pas vite) sans s'écarter le moins du monde, en jetant de temps en temps un œil pour voir si je suis toujours là. Je le suis, et cela ne me dérange à vrai dire pas le moins du monde de regarder jette croupe gracieuse toute pâle alors que le reste de sa robe est d'un beige plus soutenu. S'il se fait tatouer, il pourra essayer de passer pour une gazelle de Thompson…

Il finit par renoncer à ce jeu, je le laisse à ses occupations et m'arrête au premier parking qui annonce le chemin des peintures.

Et c'est une erreur !

C'est bien un parking, c'est bien le chemin des peintures, mais celui là c'est pour les courageux, une parcours de liaison supplémentaire de 3 km à travers bois. Qu'à cela ne tienne, j'y vais. Un mot sur mon équipement, alors que la pluie se renforce pendant que j'écris (il va être 6 heures ici, le temps de me diriger vers le sauna).

(Je reprends la rédaction après un bon sauna et un peu de repos ensuite.

Mon équipement, donc. J'ai confiance dans un sol raisonnablement sec, donc aux pieds les Aigles Ténéré avec des chaussettes de tennis. Pantalon : le bon vieux jean, épais et résistant à d'éventuelles broussailles ou bestioles. En arrivant sur le parking, je remplace mon t-shirt thaï de l'hôpital pour éléphants par le synthétique de EveryTrail. J'emmène la parka au cas où les nuages et la pluie apparaitraient, et l'appareil photo dans son sac en bandoulière (vraiment très pratique, mais avec le nouveau zoom son poids commence à se faire sentir). Si au repos je peux porter le blouson, quelques minutes de marche prouvent que c'est impossible, et je l'attache autour de ma taille. Entre la matière qui n'accroche pas et ma bandoulière qui doit le pousser, il ne tient vraiment pas bien et je fais quelques kilomètres à le remettre régulièrement. Ma patience se lassant, l'imagine de l'accrocher en bandoulière au dessus du sac. Bingo, je finirai le parcours ainsi. Cela tient chaud, mais moins que sur moi, et cela tient sans problème.

(Suite du récit, l'auteur ayant le ventre (et les yeux pleins)).

Quand je dis que cela tient chaud, je vais ruisseler de sueur sur une bonne partie du parcours, la parka est localement humide et le fond (extérieur, heureusement) du sac de l'appareil est trempé. Tant pis. C'est qu'ici, c'est bien vallonné même si cela culmine vers 300 mètres. Je veux dire que tu passes sans arrêt de 200 à 250 voir 300 mètres (mon GPS dit que j'ai oscillé entre 183 et 308 mètres. Les trois cent huit, je sais quand !! Soit un dénivelé parcouru en montée et en descente cumulé de 440 mètres avec des pentes en moyenne de 6% - cela, c'est vrai en moyenne, car un long faux plat pendant le parcours de liaison fausse le calcul. J'y reviendrai, patience. Cela me fait dire que le peu d'exercice que j'ai fait à porté ses fruits, je n'étais ni essoufflé ni courbatu pendant ni maintenant ! J'admets que je vais bien dormir !

La première partie, balisée de marques rondes orange, disons comme des oranges à deux mètres sur le tronc des arbres n'est qu'une sente entre nulle part et nulle part, au milieu de la forêt. Bien sur de temps en temps un lac à droite à droite ou à gauche , pour la variété, mais si je commence à vous dire à chaque fois que je longe un lac… au vrai, ici je n'en longe pas au début, ou plutôt j'en surplombe deux de mi-colline. Un renne, au loin, apparait, mais je n'ai pas le temps de le photographier. La photo ne le rendrait pas, mais un renne au milieu d'une forêt ou un renne au bord d'une route, cela ne produit pas le même effet. Les arbres sont assez écartés, nombre d'entre eux sont tombés, avec des marques de feu (dues aux orages) ou vrillés par des tempêtes. Le silence n'est guère brisé que par le craquement des brindilles sous mes pas et le froissement du tissu de la parka. Il s'y mêle le chant de quelques oiseaux, mais somme toute pas tant que cela. La piste, une fine sente vraiment parfaitement balisée, sinue, monte, descend sur le doux tapis d'aiguille des pins, que constelle des rocs laissés par les glaces. Les fourmis sont nombreuses, de la petite bestiole qui nous est la plus familière au gros modèle (comme une grosse mouche, disons).

Trois kilomètres et j'arrive au second parking, celui des connaisseurs paresseux. La commence la boucle de 8 km que je voulais vraiment faire. Je ne regrette vraiment pas l'approche, très belle et très isolée. Je ne sais pas bien le rendre : ce chemin bien balisé n'est en même temps, la plupart du temps qu'une sente de la largeur d'une chaussure qui se suit comme la trace d'un animal qui aurait si souvent parcouru son domaine qu'il a marqué par le creusement de l'humus un serpentement dont la logique est d'une autre nature.

Abri en bord de lac et WC, je passe et longe des rapides (oh, si modestes !) qui se transforment bientôt en cours paisible avant de reglouglouter plus vivement à destination. Le sol est très inégal, les pierres le disputent aux racines pour compliquer la marche du randonneur sur quelques 4 kilomètres. Pas grave, mais cela ne fait pas marcher vite. Et on monte, et on descend… plusieurs montées se font grâce à des escaliers de bois, sans aucun doute autant pour la sécurité des randonneurs que pour la protection du milieu – il s'agit quand même d'un site exceptionnel et à en juger par la profondeur parfois du chenin, bien fréquenté. Moi, je croiserai quatre personnes, deux couples.

Juste avant la diversion vers les peintures rupestres, re bonne montée puis bonne descente m'emmènent à une sorte de gite sommaire, comme une tente en bois et à un point pour feu (et WC…). Je continue selon le balisage en ce joli bord de lac profond et encaissé, et la après un joyeux raidillon préparatoire, volée de marches, qui dévoile quand on commence l'ascension son étendue : 122 marches – je les ai comptés. Et j'au eu l'occasion. En effet, en haut, je m'attendais à une passerelle de bois et aux peintures. Nenni. Je trouve plutôt un croisement de sentes avec trois panneaux. Je sois parfaitement où je suis, je viens de rater un embranchement qui menait sur quelques centaines de mètres aux fameuse peintures. D'ailleurs, ironie cruelle, je vois bien au bord du lac la seule et unique falaise où elles peuvent m'attendre depuis quatre ou cinq mille ans…

C'est simple, il n'y a qu'à redescendre les 122 marches, revenir au campement et là prendre à droite et non à gauche. Pour une fois, le balisage pourtant bien présent est moins visible. Ce n'est pas une excuse, parce que la carte que j'ai était limpide. Disons que j'étais un peu fatigué.

Je traverse sur un robuste pont de rondins du cru le ruisseau que j'avais longé et qui se déverse du lac avec quelque vivacité chantante, je fais quelques dizaines de mètres avant de me trouver devant une sorte de ponton qui longe, à quelques mètres, la falaise et conduit le visiteur aux peintures. Celles-ci datent d'entre 3500 et 2000 avant JC, elles représentent des personnages à la tête triangulaire (petit mention, nez marqué et deux yeux), et des rennes plus quelques autres signes plus ou moins déchiffrables. C'est beau, un peu magique. Je suis bien sur seul sur le ponton. Enfin, sur le ponton. Parce que, dans l'espace entre ponton et falaise, cela grouille de poissons dont les sauts hors de l'eau pour gober des proies est bien le vacarme le plus terrible de cet endroit. L'état de conservation est assez remarquable quand on songe au climat du lieu, et s'explique (pour une fois, il y a une notice en anglais sur le ponton à coté de celle en suomi) précisément par les pluies, qui ont dissous une forme de silicate de la falaise qui s'est déposée telle un vernis naturel sur les peinture pour nous les transmettre. Autre point remarquable, elles sont des centaines de km plus au nord que les autres témoignages analogues en Finlande, et n'ont été trouvées par hasard par deux skieurs (sur le lac gelé) qu'en 1977 !

Belles photos, j'espère, car la lumière était parfaite, et le reflet du soleil sur l'eau ajoute un chatoiement que j'espère aussi magique en photo qu'en réalité.

Allez, il faut faire demi-tour, et c'est à ce moment là que je prends plaisir à compter les marches, les 122 merveilleuses marches. Curieux, je découvre que quelqu'un a gravé 125 sur la marche du haut. Je ne redescends pas les compter, mais je suis sur de moi !

Pas grand-chose à dire du retour vers le parking, sauf que la le chemin est plus large, sans doute utilisé de temps à autre par des engins forestiers ou pour l'entretien du ponton (qui penche de plus en plus vers le large…). L'humus et les aiguilles de pin forment un tapis qu'il est reposant comme tout de foule, et permet une bonne vitesse de marche. Ma petite boite à malice parle d'une moyenne de 3,8 km/h, ce qui m'impressionne moi-même au vu des dénivellations et de mon peu d'entrainement.

Je reviens sur mes pas pour le chemin de liaison, mais ce n'est pas comme parfois agaçant. On est vraiment tellement nulle part que c'est différent dans ce sens. Je reconnais juste un des troncs en travers du chemin, dont l'écorce flamboie comme l'or, et une fourmilière (modèle à grosses bébêtes) ainsi que l'allure du chemin, qui fait que je ne suis pas surpris du moment où je retrouve un chemin carrossable et ma voiture sur le parking.

Bilan, 14,8 km au lieu de 8… et vraiment content.

Je me change, je remets le t-shirt des éléphants après avoir déjeuné torse nu pour sécher. Ce midi (vers 15h), j'ai déjeuné d'une barre de céréales et d'un peu d'eau pendant que je sèche.

C'est très volontaire, pas envie de me charger de vivres en chemin.

Au retour, je démarre, et arrive un renne à coté du parking, un second allongé plus loi sur la route se lève et le rejoint. Nous jouons à cache-cache un moment, mais ils ne se laissent pas vraiment approcher, et disparaissent dans la forêt.

Je rentre, je finis de me changer et je commence le premier jet de ce journal. Suit le sauna, où je suis seul et qui se passe parfaitement, je rentre dans la chambre m'allonger un peu avant d'aller dîner.

Je commande une bière et un saumon grillé béarnaise (fameux, même si les cornichons de la béarnaise sont aigres-doux), et tandis que j'attends le plat en buvant la bière, la fillette de la table devant moi montre quelque chose à sa mère. Je me retourne, un renne est là entre l'hôtel et le lac. Il se laisse même approché par deux personnes avant de disparaitre. Il revient un moment plus tard (j'ai été servi entre temps), il est bien plus près du restaurant. Il est rejoint comme une fusée par un petit pas si petit que cela, qui se jette sur son pis avec une telle énergie que la pauvre en est vraiment secouée. Quelques minutes de tétées et la maman se lasse, s'éloigne et junior la suit. Cela c'est un restau pas banal, hein !

J'ai jeté un œil sur l'affiche à l'entrés du restau. Si j'ai bien compris, le 8, ils ont deux musiciens de 21h à 2h du matin. Heureusement que les bâtiments sont bien séparés et que je suis autant à l'abri qu'on puisse rêver.

Détail pratique, leur lecteur de carte bancaire fonctionne à nouveau. Youpi !

Voila pour cette belle journée de vacances, dont je termine le récit dans la salle commune de l'hôtel – enfin commune rien que pour moi…

J'ai découvert qu'elle abritait un four micro-onde et une bouilloire. Si par hasard je passe en ville dans les sept jours (ce qui n'est pas du tout sûr, au contraire), cela pourrait permettre un peu de variété. Au mur, un poster de poissons avec l'indication de ceux qui sont fréquents ici me fait dire que j'ai vu des sandres et des perches.

Et tandis que je termine, je vois deux hommes préparer dans un abri en bord de lac un barbecue, sans doute pour leur pèche du jour.

Le soleil a moitié basculé derrière les arbres de l'autre berge, les nuages ont presque disparu. (le temps de relire un peu, il est parti, le soleil, mais la clarté n'a guère évolué, belles nuances de rose et de parme).